Après plusieurs années d’échec en PMA, Simone, jeune infertile tataouïnaise a décidé de faire le ménage dans son vocabulaire. C’est tout vu : elle n’emploiera plus jamais l’expression « piqûre de rappel » qui lui rappelle trop les piqûres. Analyse.

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Simone décide de profiter d’une pause forcée pour arrêter d’y penser et s’engager dans d’autres projets. Au vu des statistiques de réussites, il est en effet plus sage de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Même si quand elle repense à son dernier échec, la pilule reste difficile à avaler. Mais foin des débats intérieurs stériles : le temps est venu de semer les petites graines qui engendreront de chouettes aventures.

Simone est à deux doigts de tout plaquer mais n’en dit rien. Clairement, elle s’apprête à faire un bébé dans le dos de son employeur. Discrétion et opiniâtreté apparaissent plus que jamais comme les deux mamelles de la réussite. Le soir, quand elle s’endort en position fœtale, elle rêve de voyages, d’écriture, de découvertes, d’expériences enrichissantes. La chaleur de la couette a des vertus anesthésiantes.

Concernant la suite, les idées sont encore embryonnaires : elle compte sur les discussions avec ses proches pour accroître sa stimulation intellectuelle et accoucher de projets viables. C’est extra de constater à quel point la fertilisation croisée des discussions ouvre des perspectives. La prise de différents avis est essentielle. En effet, l’élan vital ne se construit pas dans une boîte de pétris, mais dans le mouvement collectif, les deux pieds dans la réalité, à l’air libre.

Nonobstant, il importe de ne pas s’emballer trop vite sur une nouvelle vie en jetant le bébé avec l’eau du bain. Même en étant meilleur, l’avenir ne sera pas pour autant 100% strass et paillettes. Alors, Simone se replonge dans des lectures et des réflexions qui agissent comme un véritable laboratoire qui féconderait ses envies d’ailleurs. Prudente, elle a bien conscience que les taux de transformation de l’idée en réalité palpable sont bien faibles.

Le temps d’un week-end, elle part se mettre au-vert. A peine descendue du train, elle court ramasser les œufs au poulailler, la chatte sur les talons, puis chevauche son vélo à l’assaut des cols les plus ardus. Une fois le pic atteint, elle se saisit de sa belle paire de jumelles pour admirer le paysage. Les parcours sont raides. Loin d’être une enfant de la balle, elle est prête à tous les efforts pour y parvenir naturellement. Même si pour l’instant, elle est plutôt en position de queue.

De retour à la maison,  elle refait son intérieur par petites touches, en affichant des reproductions de tableaux qu’elle aime bien. Il s’agit là de couper le cordon avec le passé. Les règles sont connues : pour avancer, il faut transformer le négatif en positif. Puis, elle constitue des dossiers pour postuler, toute cette paperasse coûte une fortune en frais de reproduction. Sur de telles procédures de recrutement, il faut compter au moins 2 trimestres avant d’être certaine pour en faire-part.

D’un coup, la sonnerie du réveil agit comme une piqûre de rappel : il faut se dépêcher si elle ne veut pas trop attendre pour sa prise de sang matinale.

Alors qu’elle tend son bras gauche à l’infirmière, une sentence de Pierre Dac lui passe par la tête : « Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n’arrive jamais ».

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20 commentaires sur « Le Gorafi en PMA #7 – Après l’échec de sa 2ème FIV, elle décide de banir de son vocabulaire l’expression « piqûre de rappel » »

  1. J’adore ton style d’écriture ma chère Simone et je t’envie d’avoir une si belle plume!
    Excellent nouveau numéro du Gorafi en PMA, tout en finesse et subtilité 🙂

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