Simone, jeune infertile Tataouïnaise, est actuellement en phase de pause forcée dans son parcours de PMA. Or, les couples concernés le savent bien : à l’occasion de ces longues semaines sans traitement et sans examen, le risque est grand de profiter du quotidien en toute insouciance, voire de goûter à la volupté d’être un couple sans enfant à coup de grasses matinées improductives et de promenades vespérales coquines. Or, ce risque est décuplé en période de vacances.

Notre courageuse infertile n’est décidément pas de cette trempe là. Pour ne pas perdre la main et conserver un emploi du temps cadencé par des contraintes dignes de la PMA, elle a ingénieusement organisé le découpage de ces funestes journées sans blouses blanches. Récit.

Le programme démarre dès le matin avec un réveil aux aurores : l’objectif est de faire la queue devant la boulangerie avant l’ouverture pour être la première à passer. Lorsqu’elle réussit à griller le retraité du premier étage, elle y voit un signe positif pour le reste du parcours.

Pour éviter de se faire surprendre par des opportunités non prévues, Simone s’est procurée un calendrier détaillé sur lequel elle note tout ce qu’elle doit faire. Cette technique éprouvée réduit considérablement le risque de vaquer en fonction de ses envies et de faire face à des instants de joie simple non anticipés.

Toute la journée, elle se trimballe avec une petite glacière, ce qui la perturbe grandement dans ses mouvements et l’oblige à tout anticiper en permanence. Par ailleurs : jamais de rendez-vous entre 12h et 14h30 pour ne pas manquer les appels téléphoniques.

En fin d’après-midi, Simone rejoint son pharmacien dealer. Sans un mot, elle lui tend un papier sur lequel elle a inscrit la formule et la dose inscrite au préalable sur son calendrier.

Le mari n’est bien sûr pas en reste : la buanderie a été rebaptisée « salle de recueil » et dotée d’un couteux matériel de télévision à écran plat à l’effigie de deux frères célèbres*.

Mais voilà qu’il est l’heure de l’injection quotidienne : Simone dispose sur la table de cuisine tout le matériel nécessaire. Dont le désinfectant, bien sûr. Une fois l’injection réalisée, elle jette l’aiguille dans la boîte jaune. Cette discipline lui garantit de ne pas voir disparaître les gros hématomes aux creux de ses bras.

S’ensuit un dîner riche en graisses saturées et en mauvais vin pour alimenter ses ballonnements et maintenir un foie lourd. Déjà, il faut aller se coucher tôt pour être la première devant la porte de la boulangerie.

Chacun saluera le caractère admirable de ce couple qui force le respect par son abnégation. Nul ne pourra dire qu’ils n’ont pas mis toutes les chances de leur côté.

 

*non, pas les Bogdanov

 

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Haut la main

 

 

 

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