Simone reconnaît bien volontiers le caractère racoleur du titre, mais que voulez-vous, il faut bien attirer le lecteur… Car la situation est grave : Momone est dans la mouise et réclame toute votre attention pour compatir à ses malheurs. Il n’est point question de PMA ici, quoique..

***

Outre les échecs en PMA, l’année 2016 m’a offert une rencontre que je ne pensais pas plausible jusqu’à présent. Dans les films, peut-être, mais pas dans ma petite vie tranquille à moi, ça non !

Des années que je croyais l’avoir déjà croisé, parfois furtivement, le temps d’une soirée, ou malheureusement sur des périodes plus longues. Foutaises, je me fourvoyais ! Ce n’était que des ersatz, de pâles copies…. J’ignorais que le modèle puisse exister dans la vraie vie.

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J’ai gagné le gros lot

Au bout de 6 mois d’analyses, de vérifications et de réflexions, je suis formelle : oui, je l’affirme haut et fort, je suis tombée sur un spécimen de sale con.

Afin de bien traiter le sujet, il convient d’être précis dans la définition. Je distinguerai ici les concons, des cons, des gros cons et enfin, les meilleurs, j’ai nommé : les sales cons.

Le concon est brave. Il sort de belles conneries, on se moque souvent de lui et cela fait de la peine aux belles âmes (dont je fais partie à temps partiel). Le con, lui l’est par intermittence. C’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est vous. Il sait jouer au con si les circonstances l’exigent. Bref, il s’adapte. Le gros con a la connerie plus intrinsèque. Peut-être a-t-il simplement commencé par jouer au con de temps en temps, mais avec le temps, le rôle lui colle à la peau. Toutefois, il lui arrive encore d’avoir des éclairs qui peuvent nous le rendre attachant.

Le sale con, lui, est chimiquement pur. L’intelligence émotionnelle humaine l’a fuit depuis longtemps. Il fait du mal autour de lui avec acharnement et réussite, profondément et durablement. Sa devise : nuire, pervertir, détruire. Avec lui, on peut tomber le masque de la culpabilité, jeter tolérance et bienveillance aux orties et s’adonner aux délices de la détestation sans arrière-pensée.

Dusse-je en souffrir (ça se dit ça?), je dois à la vérité de reconnaître, que mon sale con s’avère être une sale conne. Plus précisément, quelqu’un que je côtoie dans mon travail, pas une collègue, mais une partenaire avec qui je suis sensée collaborer étroitement. Genre souvent… au quotidien…en permanence…

Depuis 6 mois, je vis un véritable calvaire. Cette sangsue purulente a méthodiquement détruit la belle mécanique collective que j’avais construite ces dernières années. Elle a tranché les jarrets des plus téméraires, annihilé les efforts des plus laborieux et coupé le souffle des plus velléitaires. Ce prurit moisi (ça existe ça?) a saccagé la confiance chèrement gagnée et durement maintenue. Ce furoncle sanguinolent nous a fait revenir 4 ans en arrière.

Elle est bête, méchante,  cassante, perverse, toxique. Un paradigme de sale conne.

L’année dernière, j’avais fantasmé sur ma rencontre avec DNLP. Cette année, j’ai réalisé mon fantasme.

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Quand on vous dit qu’un fantasme doit rester un fantasme…

Je suis obligée de composer avec cette raclure de bidet. Pas le choix. Dans le même temps, je dois protéger mes équipes. Me voilà donc contrainte de prendre sur moi pour atténuer les chocs, rassurer, protéger, guerroyer, patienter, feindre, attaquer… Pour ne pas désespérer Billancourt, je ne me lance pas dans une guerre frontale, je raconte à mes collègues qu’en fait elle est la sorcière dans Kirikou, que quand quelqu’un lui aura arraché son épine maléfique, elle sera super sympa. Ils font mine de me croire mais ne se gênent finalement pas devant moi pour l’affubler d’un surnom ridicule. Du coup, dans nos conversations, j’utilise aussi ce surnom (je sais, ce n’est pas iso-management comme comportement, c’est mal, j’ai honte). D’ailleurs, l’autre jour, ma langue a fourché et au lieu de lui dire « Bonjour Madame X », j’ai prononcé la première syllabe du surnom avant de me rattraper aux branches.

Que reproche-je (ça se dit ça?) à cette sub-déjection canine ?

Elle revendique fièrement son incompétence et arbore sa méchanceté comme une rosette épinglée à la boutonnière d’un ancien ministre collabo. Elle est forte avec les faibles et se fait mielleuse dès qu’elle se mesure à plus « important » qu’elle. Elle étale sa bêtise crasse avec gourmandise comme un grabataire jouant avec ses selles dans un EHPAD. Elle humilie ses collaborateurs et leur gueule dessus comme on ne parle pas à un chien.

Elle s’habille comme une hôtesse de l’air ouzbeck des années 1970. Je n’étais point née durant le mandat de Giscard, j’ai encore moins pris l’avion à cette période et je ne saurais placer l’ouzbeckasie (ça se dit ça?) sur une carte, mais en gros, elle ressemble à ce que je me figure que c’est. Elle a un ton de voix insupportable, du genre qui ferait prendre illico les armes à Gandhi. Elle a un parler méprisant qui avilit son interlocuteur. Telle une mante religieuse, elle lui bouffe la tête sans même lui laisser le temps de s’expliquer.

La semaine dernière, j’ai mené une expérience sociale. Nous avions un rendez-vous téléphonique sur un sujet x dont elle voulait m’entretenir. A l’heure dite, je compose son numéro avec l’ardeur d’un condamné qui grimpe à l’échafaud. Elle décroche et beugle avec sa voix de crécelle : « Madame Simone, je vous attendais ! ». S’ensuit une diarrhée verbale qui dura 10 bonnes minutes durant lesquelles j’ai placé le combiné téléphonique à cheval sur mon épaule gauche afin d’être parfaitement à mon aise pour traiter mes courriels. 10 minutes…c’est long 10 minutes,, eh bien elle ne chercha même pas à savoir si j’étais au bout du fil, en posture d’opinement (ça se dit ça ?) ou de dénégation. Je serais aller me faire cuire un œuf à l’étage du dessus, c’était pareil. Au bout de ces 10 minutes, j’ai lâché un « c’est bon, je peux en placer une? ». La suite de la conversation est censurée pour des questions de confidentialité. Un indice : le ton n’était point à l’opinement cordial.

Bref. Elle m’a envoyé un courriel au vitriol. Ce vomi électronique est éclectique, elle me reproche tout et n’importe quoi : la faim dans le monde, la tâche sur la moquette…jusqu’à l’échec de la mission Apollo 13… Le hic c’est qu’elle a mis le big boss de ma boîte en copie. Bon, il fait la part des choses et me dit que cet écrit la discrédite elle, mais ce n’est pas glorieux quand même. J’ai pensé encadrer ce courriel dans mon bureau pour jouer aux fléchettes dessus. Or, il arrive qu’elle vienne me voir pour m’apporter des dossiers. Sûr qu’elle le prendrait mal…cette pelure de bactérie d’acarien.

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Promis, j’y suis pour rien

Comme je n’ai pas le choix et que je suis obligée de patienter tant que ses propres équipes ne l’auront pas liquéfiée à coup de batte ou ses propres chefs fichue dehors, je vais tenter d’autres expériences sociales.

Voici ce que j’ai en soute :

  1. tenir toute une réunion avec l’air niais du prêtre dans « La vie est un long fleuve tranquille »
  2. reformuler tout ce qu’elle dit
  3. me taire et lui dire en fin de réunion que je n’ai rien compris à ce qu’elle m’a raconté
  4. parler tout bas pour qu’elle soit obligée de m’écouter
  5. ponctuer toute ses phrases d’un « mais vous avez tout à fait raison Mâdââme »

Je la vois bientôt et vais m’empresser de mettre en œuvre la solution n°1.

curé
objectif : la faire craquer avec mon air niais et ma bouche ouverte

38 commentaires sur « Incroyable : comment j’ai touché le gros lot »

  1. Ahah, j’ai bien rigolé de bon matin, ça fait du bien ! Mais quelle imagination débordante ma chère Simone quand il s’agit d’invectives ! J’adore :). Si elles ne sont pas soumises à droit d’auteur, je crois que je vais en noter quelques unes pour mon usage personnel, ça peut toujours être utile. Et sur le fond, j’attends avec plaisir la suite de ces aventures et les réactions de cette teigne fétide à toutes tes tactiques de déstabilisation (faut pas se laisser marcher sur les pieds, non mais) ! Bonne journée !

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  2. Toujours si bien écrit on se passionnerait de n’importe quel sujet avec toi même l’histoire de l’ouzbéckazie en ces temps où nous n’étions pas nées (petites jeunettes que nous sommes) ça passe crème !
    Le plan d’attaque est excellent et il me tarde de suivre cette nouvelle aventure à tes côtés.
    Je suis juste déçue que le pseudo officiel de la brave Madaaame ne nous soit pas dévoilé !

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  3. Je vote pour le combo magique 1 et 4. J’ai un spécimen également au boulot sauf que c’est mon n+1… Et que mon N+2 est surnommé le fantôme, tu auras compris pourquoi. Avec ces gens là, c’est terrible, car tu as envie de les secouer pour leur remettre les neurones en place sauf que… Derrière l’incompétence et la connerie il y a souvent un pervers narcissique manipulateur qui attend la moindre perche pour attaquer. Méfiance, bats toi du fin fond de ta tranchée 💪🏻
    😘

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  4. Je me suis encore délectée de ta prose et c’eût été d’autant plus délicieux s’il s’agissait d’une fiction. Malheureusement cette punaise a l’air bien réelle alors je propose devant une telle énergumène de balancer direct le combo 1,2 et 3 !! Courage et bisous !

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  5. et bien je ne te suis pas encore depuis longtemps mais je voulais te dire que tu as un sacré don d’écriture. ça me fait bien mal par contre de lire ce que tu subis. malheureusement il y a des gens comme ça. dans mon boulot on se dit parfois « la roue tourne doit tourner » (dixit riberi ) et dans notre cas elle a effectivement finie par tourner, mais ça peut être très long, surtout quand on a à subir ce genre de personnage au quotidien !! et sinon, un petit croche pied dans l’escalier ? (oupsss)

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  6. Bonjour Simone,
    Parfois, au détour d’une matinée d’ennui au boulot (!), on clique sur un article qu’une copine de blog a aimé. Et on tombe sur une pépite. J’ai lu ton article et dévoré tous les autres. J’ai retenu mes larmes et souri au récit de tes aventures. Je n’ai pas ton parcours et pourtant je ressens une immense empathie. Et puis surtout je voudrais te dire que tu as un don fantastique pour l’écriture sur un mode dérision, ironie, que j’envie à plus d’un titre (envie sur un mode bienveillant j’entends).
    Alors je vais continuer à te lire en espérant très fort que votre aventure fasse l’objet d’un happy end.
    Et pour la petite histoire, je suis victime d’une sale conne (option perverse) moi aussi dans mon nouveau boulot cette année, pas de chance…
    Bonne continuation, des bises!

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  7. Méfiance ce genre de personne à tous les droits dans le milieu professionnel. Oui on ne sait pas pourquoi mais c’est comme ça.
    Chef passera sur le 1er e-mail mais des le 2eme (pas d’illusion ce n’est qu’un debut) c’est toi qui te fera redresser les bretelles et à qui on dira d’applanir les angles et de la caresser dans le sens de son poils moisi.

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  8. J’ai un petit faible pour le défi numéro 3 😉
    Après 1/4 d’heure de « beuglerie » insupportable j’imagine parfaitement un « vous pouvez tout reprendre du début j’ai rien compris ! »

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  9. Quelle belle plume Simone. Bravo de nous faire rire sur un sujet qui doit bien te mettre en pétard.
    Hâte que tu nous racontes la prochaine réunion qui va suivre ! Et bon courage en attendant le départ de cette sorcière (qui je te le souhaite ne tardera pas trop).

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  10. Ha mince, elle est gratinée!
    Bon, au moins, tu te seras défoulée en écrivant ton article (bravo!).
    Sinon, que faire d’autre que le mépris? Elle parle et tu n’agis/réagis pas/tu fais la bécasse, pour t’amuser. Mets de la distance avec cette saleté. Et puis les jours où tu n’en peux plus, essaie d’imaginer pourquoi elle est comme ça (vie horrible, ne dort pas, a mal à ses hémorroïdes chroniques, s’est faite lamentablement plaquer pour une super nana…) et imagine aussi qu’elle envie ta joie de vivre et ton aplomb.
    Bon courage quand même!

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  11. Quelle prose ! Et cette photo de notre BB nationale à faire peur, j’adore !
    Juste au cas où cela complète ta liste d’idée, on en avait un toxique comme ta raclure de bidet (ça se dit, ça ?) au boulot. Il y avait eu bcp de bruit, bcp de plaintes individuelles mais rien n’y faisait : il continuait de sévir… Au final, on a signé une lettre à 18. Détaillée, factuelle, argumentée et du jour au lendemain, il a été affecté à un autre service avec engagement de la direction qu’aucun de nous n’aurait de contact avec lui. Il est toujours dans l’entreprise et sévit ailleurs… Nous ne sommes pas satisfaits de la situation mais que c’est agréable de respirer !
    Gros bisous

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  12. Ah les cons ! Très belle hiérarchie d’ailleurs, je note… Autre possibilité, garder dans tes affaires le roman « mort aux cons », et le lire à la vue de cette charmante personne. Sinon, se prendre pour le capitaine Haddock et scander crétin des Alpes lors d’une réunion. Fantasme fantasme…

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  13. En 6. je t’invite à (re)voir Le Couperet. Tu vises pas sa place mais c’est une solution… disons définitive.
    Et toujours se rappeler d’Audiard qui sait reconnaître les cons et les envoyer sur orbite. Bisous Simone et courage dans ce contexte professionnel pénible. 😘❤️

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