Si ma vie d’en ce moment devait passer en conseil de classe, l’appréciation en serait : « se maintient tout juste à la moyenne ».
Ni bien, ni mal, je vais. Ou plutôt, il y a des biens furtifs qui rattrapent les maux lancinants. Alors…considérons que je suis à la moyenne.
J’ai fini par aller voir ma généraliste pour mes maux d’estomac récurrents. Les coquins, ils ne se manifestent qu’une fois le week-end venu profitant de mon relatif relâchement. La doc me trouve fatiguée et veut m’arrêter. Je lui dis que je pense disposer encore de quelques réserves.
La pluie a cessé d’être quotidienne et permanente. J’ai rangé mon imperméable et le vélo est en passe de remplacer complètement le tramway dans ma mobilité quotidienne. Mes coups de pédales du matin dans une ville qui s’anime me donneraient presque l’impression de maîtriser ma vie.
Une de mes collègues est venue me voir. Même âge, 2 enfants. A affronté un cancer il y a 2 ans et a perdu un de ses seins. Elle voulait me prévenir de son absence durant un mois complet. Elle a décidé de se faire enlever son dernier sein préventivement. Pour ne plus frémir à chaque mammo, profiter de la vie et voir grandir ses enfants sereinement. Elle est désolée car son absence aura des répercussions sur le travail de l’équipe. La gorge nouée, je suis incapable d’articuler une réponse cohérente et intelligente.
Mes douleurs d’estomac ne sont que l’écho de mon ventre vide. N’en pouvant plus, j’attrape des objets lourds (ordi, gros bouquins) et les appuie fort fort sur mon ventre. Noyer le vide par des contenants contenus. Les douleurs s’apaisent puis resurgissent au même rythme que les pensées.
Le soleil revient. Je goûte au plaisir de troquer, le soir venu, mon tailleur contre ma vieille jupe en jean et de me glisser dans mes antiques claquettes. A nous le petit vin blanc et l’odeur de chèvre-feuille qui vient nous chatouiller les narines lorsque nous dînons sur la terrasse.
J’ai regardé l’autre soir un documentaire sur Jean ZAY. Je m’intéresse à son œuvre (littéraire et politique) depuis quelques mois. Je connais son histoire et ses dernières années si tragiques (après avoir été emprisonné par le régime de Pétain, il a été assassiné par la milice en 1944 alors qu’il aurait sûrement été un artisan majeur de la restauration de la République). Et pourtant, je me surprends à espérer très fort que l’histoire se termine bien. Je refuse cette fin si cruelle.
Le ci-dénommé « syndrome de bambi » : se persuader malgré tous les signaux que ça ne peut que bien finir. Et se scratcher dans les dernières minutes.
« Alors, tu as eu combien toi? ». C’est la question à la mode ces jours-ci. Certains ont eu 10 centimètres seulement, d’autres 30, 50 voir 1,5 mètre. Chanceuse, je suis au sec. Une de mes connaissances a presque tout perdu. « L’important, c’est qu’on soit vivants » ne cesse t-il de répéter comme un mantra.
L’autre matin, j’ai découvert avec surprise mon visage dans la glace. Avec des valises pareilles, je pars à l’aise 3 semaines en vacances.
Un an de plus. J’ai plus ou moins réussi à passer au travers de cet anniversaire. Tic-tac, tic-tac fait l’horloge biologique. Ne pas penser au temps qui fuit.
Ces délicieux instants quand le radio-réveil se met en marche. Rapprochement des corps. Il ne peut rien nous arriver durant les 8 minutes qui nous séparent de la sonnerie stridente de l’alarme qui nous forcera à nous lever. En attendant : tendresse et volupté.
Je joue à la maligne vis à vis de moi-même. Je tente de m’auto-convaincre que je suis laaarge. Je n’ai « que » 3 IAC et 2 FIV à mon actif malgré mes presque 8 ans d’arrêt de pilule. Jamais de congélo, de longues périodes d’attente dues à des satanés polypes. Encore 2 FIV devant moi. Je suis laaarge. Naïvement soulagée de mon actuelle pause forcée qui repousse d’autant l’échéance du potentiel prochain échec.
Mais suis-je vraiment dupe de ce lâche soulagement de circonstance ?
Ma chérie j’aurais dû penser aussi à toi dans mes dédicaces de l’autre soir. J’espère que le soleil et le vélo font faire leur œuvre et te donner l’énergie dont tu manques. Je t’embrasse bien fort 💜
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Tu évoques tout ça à demi mots mais on sent bien comme cela te pèse chère Simone. C’est dur de vivre dans cette attente, je comprends très bien ton ressenti, on dirait que tu te laisses porter et que tu essaies de maîtriser la vague en toi. J’espère que cet été qui s’installe amènera un peu de légèreté dans ton cœur, que vacances et farniente t’apaiseront.
Je t’embrasse bien fort.
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Nonobstant. !!!!!
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Si c’est dans la tête et que le ventre est notre deuxième cerveau, alors on nous dira bientôt que c’est dans le ventre tout ça.
Blague à part, il est évident que l’anxiété augmente les maux. Mais il ne faut pas sous-estimer les raisons biologiques. Autour de moi, 3 raisons non psychologiques ont expliqué de terribles maux d’estomac : une hernie hiatale chez moi, un ulcère chez Thésée et des calculs biliaires chez ma sœur. A chacun de nous on a dit qu’on était trop stressé avant de trouver la cause (de longs mois plus tard). Demande à ce qu’ils poussent plus les recherches, tu ne peux pas rester avec cette douleur. Avec ce vide dans ton ventre non plus mais ça tu y travailles déjà courageusement. Bon courage ma Simone. Je t’embrasse fort fort ❤️
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Élève Simone est bien au dessus de la moyenne de mon point de vue… Comportement exemplaire, une assiduité qui force le respect et un engagement politique – dans le sens noble du terme – certain. Ajouter à ça de l’humour, du style et de la délicatesse. Bref, des aptitudes évidentes. Mes encouragements les plus sincères pour la suite, que cette vie tant désirée te parvienne et que cette attente s’en aille.. D’ici là, vivement les vacances et du repos pour toi. Des pensées. Bises
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Je n’aurai pas eu le talent d’ Hibym ci-dessus mais je plussoie totalement. Je t’embrasse bien fort belle et forte Simone
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Éleve brillante et pertinente. Sa persévérance sera, à coup sûr, couronnée de succès. Ne relâchez pas vos efforts, Simone.
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L’élève Simone, elle est géniale, on l’échangerait pour rien au monde.
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8 ans c’est long et bien sûr tu as le droit par moments de ne plus le supporter. Je t’envoye de douces pensées. Bises
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En tout cas en style littéraire tu remportes une mention haut la main!
Je me reconnais complètement dans plusieurs passages, notamment celui sur la pause qui permet de repousser la prochaine tentative, et donc le prochain échec… J’aimerais pouvoir te réconforter davantage, te dire que tout ira bien. Mais on est quand même dans une sacrée galère, avouons le. Je t’embrasse fort ❤
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Je te souhaite un joyeux anniversaire en retard, ta force et ta détermination (prouvées ne serait-ce que pour les courriers d’anthologie) t’aideront à tout traverser j’en suis sûre. Et au passage un peu de chance ce serait cool, c’est toujours plus agréable même si on peut faire sans.
Bises
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On sent effectivement beaucoup de lassitude dans ton billet et on la comprend… Quel parcours Simone ! Le commun des mortels serait bien déprimé avec bcp moins que ça. Mais, nous les pmettes, nous sommes des battantes dont la persévérance finit souvent par être récompensée. On passe par des phases d’abattement, mais on se relève et on repart au combat… Je ne doute pas un seul instant de tes capacités à rebondir !
Pour le ventre, j’en ai souffert pendant des années, jusqu’à ce que j’aille voir un gastro-entérologue et verdict : colopathie fonctionnelle. J’étais soulagée que ce ne soit pas un truc plus grave, je fais un peu plus attention à ce que je mange et ça va mieux. Des bises
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Hey. Ho. Tu sais qu’on est là, hein ? Si tu avais été mon élève, j’aurais écrit sur ton bulletin : élève doté d’un immense courage et persévérante. Simone est agréable et toujours là pour ses camarades. Encouragements pour la suite.
Enormes bisous (bon ça je l’aurais pas écrit en vrai sur un bulletin 😉 )
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Gros calin Simone… Je te sens lasse mais je suis sûre que tu retrouveras l’énergie du combat dans quelques temps.
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En lisant ton billet, je me dis que je dois être au 36eme sous sol, avec ma 5ème FIV en préparation 😔, dernière de la classe. Je ne peux m’empêcher de croire que ton prochain essai est vraiment porteur d’espoir, 8 ans c’est très long, trop long, mais tu vas y arriver…
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C’est dur, cette attente, ces espoirs, ces peurs, cette angoisse…. Mais si je pouvais faire un souhait : Je souhaite que cela se termine bien…!
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Tu es un professeur bien sévère…
Si tu étais mon élève ça donnerait plutôt « Simone est une élève volontaire et persévérante qui met tout en oeuvre pour surmonter ses difficultés. Il faut continuer vos efforts et surtout ne pas vous décourager. Encouragements du conseil de classe »
Je t’embrasse fort
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On sent la prof là, non? J’aurais mis pareil!^^ Courage…. Ah, et arrête de me faire monter les larmes avec tes posts si bien écrits…. Non! Continue! En fait ça me fait du bien.
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Moi je suis sûre que l’élève Simone a des talents en écriture et si ça pouvait l’aider pour la suite ce serait top. J’ai aussi eu des maux d’estomac fut un temps. C’était le stress 😓
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Des câlins de réconfort…c’est pas grand chose mais je me dis que ça ne peut pas faire de mal ❤
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Ah, le chèvre-feuille ! Ici, c’est jasmin en ce moment et avec le retour du soleil, je délaisse mon canapé pour le salon de jardin. C’est important les plaisirs simples.
Mon anniversaire est la semaine prochaine. J’aurais, il me semble, le même âge que toi et espère vivement que mon chéri aura préféré petit dîner en amoureux plutôt que fête surprise.
Ce roman pour te dire que je me reconnais dans tes mots et dans tes maux. Je suis admirative de ta force et de ta combattivité. De ta lucidité aussi. Mais… Tu le sentais venir le mais, non ?
Mon osthéo m’a dit lundi que cela me ferait du bien de moins intellectualiser et de m’autoriser à lâcher prise temporairement pour mieux revenir aux émotions primaires, même si ouvrir les vannes fait prendre le risque de ne pas réussir à les refermer… Je ne sais pas comment appliquer ce conseil, j’ai perdu le mode d’emploi pour la vanne mais j’espère que mon corps l’a entendu et je me dis que, peut-être, le tien l’entendra aussi…
Prends bien soin de toi, essaie de ne pas surestimer tes forces même si je suis sûre que tu as encore de la ressource et soigne ces vilains maux d’estomac. Ton ventre vide n’explique peut-être pas tout.
Je t’embrasse
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De tout cœur avec vous Simone.
Savoir se reposer quand il le faut, pour rester positive et ne rien lâcher.
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J espère de tout coeur Simone que le r vous tant attendu avec le doc D vous fera avancer d 1 grand bond… en attendant prenez bien soin de vous …il est temps de piocher un papier dans la boîte à petit bonheur
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Ta volonté de continuer de bosser est tout à ton honneur. Mais n’oublie pas de penser à toi, de prendre soin de toi 💜
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Mmmmh moi je suis d’accord avec Pénélope. Les maux de ventre peuvent être de cause psychologiques mais pas que ! il faut pas rester avec ça. C’est un peu comme dire « elle tombe pas enceinte parce qu’elle y pense trop », y a pas que ça non plus !!. Approfondis les examens, prends soin de toi (massage, acuponcture, hypnose, shopping tt ce que tu veux), tu le mérites plus que tout. ne sois pas si dure avec toi-même et prépare un petit nid douillet pour le prochain embryon qui voudra essayer de s’implanter 🙂
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Il me semble que tu as un grand besoin de te reposer. Penses-y 😉 Des bisous
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Je me reconnais dans tes mots, dans la lassitude qui en émanent… A défaut d’un conseils miraculeux pour aller mieux, je t’embrasse fort Simone.
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Je comprends ta lassitude mais aussi tes espoirs, je suis de tout cœur avec toi!
Bisous
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