J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire à quelques reprises sur ce blog : nous avons fait le choix de ne pas évoquer notre infertilité avec notre entourage à 3 exceptions près. Aucun membre de nos familles n’est au courant de notre combat, 3 copines le sont mais pas forcément dans tous les détails dans la mesure où je ne leur ai jamais communiqué précisément les dates de démarrage de stimulation, de transfert, etc.

La dernière fois que j’ai évoqué ce choix dans un article, il a suscité beaucoup de commentaires. Je pense utile de revenir sur les fondements de notre décision et expliquer en quoi, non seulement je ne le regrette pas, mais je pense que cela nous a permis de mener le combat dans de meilleures conditions. Il s’agit bien sûr d’un témoignage personnel et chacun doit se sentir libre de faire comme bon lui semble, l’essentiel étant de s’armer au mieux dans ce difficile combat.

Infertiles, mais pas que : nous ne nous réduisons pas à notre infertilité

Avec mon Simon, nous sommes un couple avec des aspirations affreusement banales : s’aimer, mener des projets communs, s’épanouir individuellement et à deux et fonder une famille. L’envie d’avoir des enfants s’est concrétisée après un peu plus de 3 ans de vie commune. Nous avions déjà eu le temps de mener des projets : voyager, profiter des petits bonheurs de la vie….

Au début des examens d’exploration d’infertilité, il ne nous est même pas venu à l’idée que le sujet pourrait faire l’objet de discussion avec nos proches (genre, raconter son test de Hühner en soirée… mouais…). Nous avancions sur d’autres sujets en parallèle, la PMA n’avait pas envahi notre vie, ce qui ne fut jamais complètement le cas d’ailleurs. Et puis nous ne savions pas que nous nous engagions sur un combat de tant d’années…

Cela peut paraître un peu brutal dit comme cela, mais l’infertilité n’est qu’un aspect de nos vies. En tout cas, il était super important pour moi de le décréter car je voulais pas être réduite à cela : celle « qui n’arrive pas à avoir d’enfant ».

Notre jardin secret

L’infertilité a donc longtemps constitué notre jardin secret : nous pouvions ne pas en parler entre nous durant les long mois d’attente vide (pas par tabou mais parce qu’il n’y avait tout simplement rien à dire), puis le sujet revenait lorsque les rendez-vous tant attendus arrivaient. C’était un sujet intime rien que pour nous deux, bien souvent le terrain propice à des délires qui ne faisaient rire que nous (un exemple ici), mais au moins, on a su en rigoler.

Se ménager un espace de liberté

Comme notre entourage n’était pas dans la confidence, nous ne risquions pas que nos paroles et nos actes soient lus à l’aune de l’infertilité. Du genre : « tiens, il vont passer une semaine à Berlin, c’est pour se remettre du énième échec d’IAC ». Alors que IAC foirée ou pas, on aime bien boire de la bière en écoutant causer allemand.

Plus précisément, le fait que nos familles et amis ne connaissent pas notre infertilité nous a dégagé un espace où l’infertilité et ses galèrent n’existent pas. Il n’y avait pas de gêne ni pour eux ni pour nous sur des sujets qu’il aurait fallu éviter. Et quand de belles conneries ont été dites sur le sujet, nous ne pouvions pas soupçonner les gens d’être maladroits ou tout simplement très cons.

Je me suis beaucoup raccrochée à mon boulot pour avoir l’occasion de m’accomplir dans un domaine qui me plaît et avancer malgré tout dans la vie. Jamais je n’aurais pu en parler à mes employeurs car je sais que leur regard sur moi aurait changé et j’aurais perdu mon espace de liberté (et aussi beaucoup d’opportunités). Par contre, comme j’ai fait ma dernière FIV à Paris, je devais poser des journées entières de congés au dernier moment. Alors, j’ai simplement indiqué à mon employeur que j’avais des petits soucis de santé qui nécessitaient des contrôles médicaux fréquents difficilement planifiables, d’un ton qui ne laissait aucune place aux questions. Au final, tout s’est bien passé.

Relativiser

J’ai déjà eu l’occasion d’exprimer ici combien l’infertilité m’a fait souffrir au plus profond de mon être, jusqu’à parfois ne plus pouvoir me projeter  sur une vie qui aurait du sens. Pourtant, au regard de mon histoire familiale, être infertile n’est pas si grave car « il n’y a pas mort d’homme ». Alors certainement que j’ai voulu aussi préserver ma famille d’une annonce qui, soit aurait été évacuée d’un « c’est pas si grave », soit aurait pu être vue comme la goutte d’eau de trop.

Et avec celles qui savent ?

Trois de mes amies ont assez vite (enfin, au bout de 2 ou 3 ans) été au courant. Je ne risquais rien avec elles : célibataires ou en couple instable, nous n’étions pas au même stade de nos vies et aucun phénomène de « concurrence » ne pouvait interférer. On évoquait nos galères respectives et puis on passait à des choses plus plaisantes. Je n’ai pas l’impression que cela me soulageait particulièrement de leur en parler, je ne me suis jamais particulièrement étendue sur le sujet.

En réalité, beaucoup de personnes sont au courant : quand en parler libère

Pour autant, je n’ai pas vécu ces années-là dans un océan de solitude silencieuse. Mon infertilité, j’en ai parlé avec tout un tas de gens dont certains ont constitué un comité de soutien qui m’aura énormément aidé : les soignants de la PMA, les secrétaires du labo, les infirmières, les compagnons de galère rencontrés à BAMP, les copinautes, les lecteurs du blog…

Plus que la parole, c’est plutôt l’écriture de ce blog qui m’a libérée. J’ai pu sortir de ma tête les choses dures et rigolotes qui s’y bousculaient. Au début, j’ai plutôt conçu cette démarche comme une entreprise individuelle et ensuite quand j’ai expérimenté la force d’interaction de ce blog avec d’autres blogueuses, les interactions avec les lecteurs, j’ai compris combien les échanges permettaient de se libérer d’un poids souvent oppressant. Paradoxalement, la tenue de ce blog m’a permis de me détacher de l’infertilité puisqu’il y avait un lieu où je pouvais la déposer et d’où je pouvais la tenir à distance quand le besoin s’en faisait ressentir.

Et si certains avaient deviné ?

Depuis l’annonce de notre grossesse, les gens se divisent en 3 catégories :

  • ceux qui sont « tout simplement » contents pour nous comme si cette nouvelle était la suite logique d’une vie de couple ;
  • les délicats qui savent dire en peu de mots qu’ils ont compris combien cette nouvelle est très précieuse pour nous ;
  • quelques gros lourdauds qui « ont du mal à y croire tellement ils pensaient qu’on se foutait d’avoir des enfants et que je privilégiais ma carrière »…

Le cercle de ceux qui savent s’élargit

Petit à petit, j’évoque de plus en plus le sujet de l’infertilité. Soit je dis pudiquement que cette grossesse est l’issue d’une attente longue et semée d’embûches, soit je parle carrément du parcours de PMA. Ainsi, j’ai clairement dit les choses à mon groupe de préparation à l’accouchement et lors de réunions sur des sujets connexes à la maternité. En premier lieux pour me protéger d’éventuelles RALC et en second lieu pour (très modestement) ouvrir les yeux des gens sur la réalité de l’infertilité.

Je suis désormais prête à évoquer le sujet plus largement autour de moi dans la vraie vie parce que je me sens plus forte et que je sais que je ne m’effondrerai pas en pleurs. Par contre, je ne suis pas prête à en parler avec ma famille, surtout pour les protéger eux. Par exemple, je ne vois aucun intérêt à leur parler de ma GEU : à quoi bon leur infliger cela rétrospectivement ? Pourtant, la question de l’infertilité ne sera pas taboue avec Edgar, il connaîtra, avec les mots adaptés à son âge du moment, sa longue histoire de conception. Alors, forcément, il y aura des échos familiaux… Mais les choses seront dites en termes choisis sans trop s’étaler.

En conclusion, je suis une militante de la parole qui libère : oui, il faut absolument parler de l’infertilité mais pas à n’importe qui, au risque de se rendre le combat plus difficile. Il me paraît primordial d’en parler au sein de son couple, avec les proches dont on a éprouvé la délicatesse, avec les soignants, avec son député, avec BAMP, bref avec des gens qui vous permettent d’avancer dans ce combat personnel et collectif. Mais pas avec Tata Michèle qui vous sortira des RALC de compétition rapport à « la petite nièce de sa voisine qui est partie en vacances et paff… » !!

 

 

 

 

28 commentaires sur « L’infertilité : en parler ou pas ? »

  1. Je suis parfaitement d’accord avec ta phrase de conclusion. Nous on a naturellement su à qui ont dirait les choses et jusqu’à quel niveau de détails. Et, exceptées mon groupe d’amies de longue date dont le comportement (ou l’absence devrais-je dire) m’a assez déçu (mais que veux-tu, elles sont maintenant toutes mères d’un ou deux gosses ; nous ne sommes plus dans les mêmes mondes), on ne s’est pas trompé et ça fait du bien.
    Le petit bonus inattendu de ce parcours, ce sont les PMettes rencontrées via le blog ou en salle d’attente de chez Hope. Ça devient illico des copines de galères avec qui on peut discuter sans aucun filtre. 🙂

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  2. Dans le cas de Mr Souris et moi même, nous n’avions pas parlé (ou très peu) de la PMA au stade stim simple / IAC. Même pas à l’employeur. Mais, quand nous avons commencé le parcours FIV, coup de bol, les absences étaient autorisées pour la femme (et pour l’homme) dans le secteur privé. Lui étant militaire, ça restait pas autorisé mais j’ai pu en parler à mon employeur. Puis, avec les RDV médicaux qui tombaient tout le temps lors des repas de familles..on a un peu étalé le truc à papa – maman – soeur. Mais c’est tout. 2 amies sont au courant. Une lesbienne, et une qui ne veut (à part adopter peut être un jour) pas d’enfant. Du coup, j’échappais avec elle aux RALC ^^.
    Le plus simple comme tu le dis, c’est de voir comment se positionne l’entourage sur la question des enfants / infertilités. On sent vite ce genre de chose…feeling :=)

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  3. Je l’avais déjà évoqué dans les commentaires de ton précédent post et de mon côté j’ai choisi de parler librement de la PMA, pas à tout le monde évidemment mais aux gens que je vois au quotidien car ça faisait partie de ma vie. Au travail cela posait beaucoup moins de problèmes que le retour de congé maternité car quoiqu’on en dise c’est moins lourd et moins d’absences et de journées écourtées qu’avec un enfant en bas âge et un mari impliqué mais qui voyage beaucoup pour son travail.
    J’ai fait ce choix car c’est important pour moi que la PMA ne soit pas tabou, qu’elle fasse partie de la vie et que les gens en intègrent les contraintes. Quand mon infertilité a été diagnostiquée, j’ai vraiment eu l’impression d’être la seule à vivre ça et je me dis que personne ne mérite ne se sentir seul avec une maladie donc j’espère qu’en en parlant j’aide peut-être d’autres personnes à se sentir moins seules avec leur boulet et les langues se délient plus facilement.
    Je vois le fait d’en parler comme un mini acte militant à mon petit niveau. Comme le fait de dévoiler mon intimité sur le web en rentrant dans le concret d’un quotidien avec la PMA sur mon blog sans mettre de côté l’aspect technique et pas sympa tout en essayant de dédramatiser la chose car même si on souffre il y a pire dans la vie, l’année écoulée a su me le rappeler.

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    1. Je suis d’accord avec toi. Pour moi parler de la pma a 2 aspects : libération par la parole et militer pour faire connaître cet aspect de la conception. Répondre aux RALC que ok ta cousine est tombée enceinte quand elle a perdu son père mais de 1 je ne vais pas tuer qq1 pour ça et 2 il y a des infertilités médicales reconnues qui ne sont pas dans la tête. À mon humble niveau je contribue à éviter / réduire les futures RALC

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    2. Je comprends ton point du vue, c’est ce que j’ai pensé quand j’ai commencé à en parler : j’évacue, et je permets à d’autres de savoir qu’ils ne sont pas seuls, et de pouvoir venir poser des questions si besoin (comme je l’ai fait auprès de ceux qui ont dit, souvent avant même que je le sois, qu’ils étaient concernés par la PMA)
      ça me fait un pincement au coeur d’entendre 1 collègue me dire que je suis la seule infertile qu’elle connaisse ; je m’en fiche d’être « la seule infertile » (voire « l’Infertile » avec un grand I), mais non… il y en a d’autres… Beaucoup d’autres… Ne serait-ce que sur notre lieu de travail j’en vois 6 (j’en pressens 2 autres, et je sais qu’il y en a plus encore)
      [bien sûr : que chacun en parle s’il en a envie ou non, cela va sans dire!]

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    3. Pareil ici, et pour casser aussi le mythe « les fiv c’est pour les carriéristes qui ont privilégié la carrière ». Ben non, on peut être diagnostiquée infertile à 26 ans. Et puis ça m’évitait toutes ces questions « alors c’est pour quand? Mais, Ca fait x années que vous êtes mariés? Ah tu bois pas, t’es enceinte? Profites en, parce qu’une fois que t’as des enfants… ».
      L’homme a eu plus de mal, infertilité masculine qui touche directement à la virilité. Mais au final, il s’est aussi libéré.
      En tout cas, en parler ou pas, c’est vraiment une question très très personnelle.

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    4. Bonjour, je me joins à vos commentaires. Dans mon cas aussi, le fait d’en parler librement m’aide ET permet de dédramatiser la chose. Je comprend néanmoins que certains souhaitent préserver ce jardin et cette partie de leur vie. Dans ma situation, la stérilité a pris une telle ampleur que je ne peux décemment pas traverser les étapes sans le partager avec mon entourage. Ça fait partie de moi et de notre couple. Attention, la PMA n’est pas comme une maladie ou un fardeau que je porte à bouts de bras. C’est un obstacles que nous arriveront à dépasser. C’est le notre et il nous rend plus fort, jour après jour, dans notre couple et vie quotidienne. C’est un projet de vie qui prendra un peu plus de temps que certains….

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  4. C’est vrai que le blog et les bloggeuses PMettes, c’est vraiment un soutien et un espace de parole dont je ne pourrais plus me passer ❤ ❤ ❤ et qui a eu beaucoup plus d'effets positifs que la parole libérée avec quelques personnes choisies (je crois 9 personnes au total ^^)

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  5. Nous, nous avons fait le choix d’en parler facilement à tout le monde MAIS pas dans le détail, personne hormis ma mère ou ma soeur parfois, et encore seulement quand on devait annuler un truc au dernier moment par exemple ne savait quel protocole, quand etc… je n’aurais pas supporté de me sentir guettée pour les resultats. Sauf dernièrement pour les TEC… mais on va dire qu’ils n’avaient pas la même importance, c’était de la PMA bonus si je puis m’exprimer ainsi. Pour moi dire qu’on était en PMA c’était me créer un espace de liberté : éviter qu’on me demande « et le bébé c’est pour quand ? », les RALC… après on a tous des histoires familiales, des tempéraments différents etc… je pense que dans notre entourage personne ne se serait imaginé une seconde qu’on pouvait prendre une semaine de vacances Dieu sait où pour relativiser un échec … certainement aussi parce que ce n’est pas du tout notre genre et qu’au final, peut-être qu’on a pas vécu les choses si mal que ça… c’est le seul moment où j’ai regretté de l’avoir dit, quand ma s***** de BM m’a envoyé dans la tronche que je devais avoir un problème aux hormones de la féminité parce que je n’étais pas assez malheureuse et que je n’en voulais pas à toutes les femmes enceintes de la création, que je n’avais pas assez d' »instinct maternel »… mais sinon globalement je suis heureuse qu’on ai procédé de cette façon, ça m’a permis beaucoup de légèreté, les gens savaient, si on devait s’absenter du taff soudainement pour un exam etc etc je n’avais pas de pression ou de culpabilité.

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  6. C’est vraiment un choix personnel qui s’installe dans l’histoire d’un couple et dans l’histoire des familles. Etre vu comme « l’infertile de service  » c’est très difficile parfois.
    De mon côté je suis à part. Les gens savent pour certaines de mes grossesses arrêtées car plus avancées et ils sont désolés. Ça évite qu’ils nous soûlent avec la phrase du 2eme qui tarde. Par contre ils ne savent pas combien j’ai eu de fc. La famille maintenant le sais, elle me soutient énormément. Et me comprend parfois mieux que ma moitié qui aimerait parfois tout oublier.
    Si j’avais la force j’assumerai mes fc et je dirai au monde entier qu’il y en a eu 7 et que j’ai tenu mon tout petit dans la main. Mais Faire pleurer dans les chaumières et lire dans leur regard ce  » la pauvre » non merci je ne suis pas prête.
    Si ma grossesse en cours me donne un beau bebe alors je serai plus sereine pour parler de ca! Évidement!
    Quand aux protocoles fiv et stim ma cousine a tenu la famille informé de ses Avancements et je crois que ca a déridé tout le monde et ca lui a fait du bien.
    C’est vraiment propre à chacun.

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  7. Pour ma part, j’ai choisi d’en parler après avoir entendu trop de RALC. J’ai prévenu les proches puis fait un comming out FacedeB. Sur ce réseau j’ai peu d’amis, plus ou moins proches. Ça a eu au moins une conséquence positive : un couple de proche nous a invité pour en parler car ils commençaient leur parcours PMA. Ils étaient paumés et pensaient être un cas isolé. J’espère avoir pu les aider un peu. Je vois ça aussi comme un ‘acte militant’ à mon petit niveau. L’infertilité est un problème de santé public qui doit être connu, reconnu et ‘traité’ (le mot est mal choisi mais il faut s’y intéresser quoi). Il me semble à mon petit niveau que beaucoup de personnes sont touchées dans mon entourage et il faut se demander pourquoi et que faire, donc en parler. Je suis d’accord aussi que c’est très intime donc je rajouterai en parler quand on est prêt.

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  8. Nous n’en avons quasiment pas parle. À quelques amis proches et de mon côté à ma grand mère dont je suis très proche et une tante. Basta. Nos parents ne savent absolument rien. J’ai voulu me protéger, nous préserver. Et je ne le regrette absolument pas. C’est très personnel, je pense que ça dépend du caractère de chacun avant toute chose et des relations que l’on entretien avec ses proches. Quel que soit notre choix, cest forcément le meilleur car c’est le notre…
    Je t’embrasse bien fort 😘

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  9. C’est effectivement un choix très personnel et dépendant des univers de chacun.
    De mon côté j’en parle très ouvertement quand on me pose des questions, même au boulot. Parfois je le regrette car oui, je suis l’infertile de service, celle qui fait que les conversations se font en chuchotant quand on parle du dernier de machin. Mais je me dis que c’est aussi moi qui traîne cette étiquette. C’est la façon dont je me vois alors je ne peux blâmer personne de me regarder avec le même œil.
    Je suis sans doute une drama et je vais souvent directement chez mes parents pour pleurer après un rdv chez le Doc D. Mais ce soutien c’est aussi un besoin. Alors certes ça ne m’épargne aucune connerie mais je me dis qu’un jour peut être je pourrais fanfaronner devant les mêmes personnes !

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  10. Je pense que j’aurais eu le même choix que toi… Aussi pour épargner les proches et m’éviter de porter leurs attentes, leurs espoirs et leur chagrin en plus des miens !

    Tu as du cran d’avoir assumé cette position si fermement malgré la longueur de l’attente !

    Virginie

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  11. On est souvent/toujours reduit a quelque chose. On est « la rigolotte » « la sanguine » « la chieuse » « l’infertile » etc … moi pour le don c’est different mais je ne me voyais pas le dire a mes enfants , leur apprendre a ne pas en avoir honte, ne pas s’en cacher, l’accepter et les laisser parler a … mamie… zut elle ne sait pas. A tata … zut maman ne lui a jamais dit … parrain … ah non pas au courant non plus. « Mais dis moi maman pourquoi tu l’as dit a personne si c’est une bonne chose maman ? « . C’est cette question que je redoutais alors j’en ai parlé.

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  12. J’en ai parlé à tous mes amis proches comme moins proches et j’ai cette grande chance de ne pas me sentir réduite à cet adjectif – infertile – auprès d’eux 🙂
    J’en ai parlé à mes parents, frère, soeurs et, si cela semblait être évident pour moi de rechercher soutien et compréhension auprès d’eux, ce sont eux qui m’ont le plus souvent déçue…
    Au travail, je me suis limitée à ma hiérarchie pour bénéficier des autorisations d’absence mais je n’exclue pas d’en parler à mes collègues si l’occasion se présente.
    Je n’ai pas osé en parler sur facebook car ça me semble trop impersonnel pour échanger correctement. Ceci dit, je reconnais avoir été heureuse que de simples connaissances du club de foot parlent ouvertement de FIV sur facebook ; ça m’a permis de les contacter pour en discuter.

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  13. C’est difficile d’imaginer ce que cela aurait été si mon entourage n’avait pas été au courant, mais je pense que j’aurais eu du mal à tenir aussi longtemps sans en parler autour de moi (quasi 13 ans entre mes premiers essais et le début de ma grossesse). Mais en réalité pour moi, côté famille, la question ne s’est jamais vraiment posée: ma mère savait à quel point j’étais impatiente d’avoir des enfants, et assez rapidement elle m’a questionné sur le sujet et n’a jamais lâché l’affaire… le seul dans ma famille proche (voire moins proche) avec qui on n’en ai pas parlé, c’est mon beau frère – parce que l’occasion ne s’est pas présentée, mais j’imagine qu’il doit s’en douter (ou pas).
    Côté amis, j’en ai progressivement parlé avec beaucoup de monde aussi, et la plupart du temps ça a d’une certaine manière contribué à créer des liens plus forts parce que plus vrais sur le vécu et le ressenti. Dans quelques cas il y a eu des maladresses, mais c’était tout aussi difficile d’entendre des RALC de ceux avec qui on n’en avait pas discuté.
    Au final, on fait juste chacun comme on peut et comme on le sent et il n’y a pas à se justifier d’une quelconque façon.

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  14. Jusqu’à cette année, je parlais assez ouvertement de
    notre “situation”. Maintenant, j’en parle le moins possible. Pas que j’en aie honte, mais j’ai trop entendu d’idioties de la part des gens. J’ai été trop souvent blessée par des propos innapropriées. Après toutes ces années, la “libération par la parole”, ça ne m’apporte plus rien. J’ai aussi fini de militer. Peut-être que si ça avait marché, ça aurait été différent…

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    1. Comme je te comprends @p’tithérisson. Pareil pour moi. J’ai beaucoup parlé, pensant qu’en expliquant les gens comprendraient. Puis c’est en changeant de compagnon (mais en reprenant les traitements) que je me suis rendue compte, comme cette fois-ci j’ai décidé de garder pour nous les traitements, qu’en fait mon entourage n’avait rien compris et me sortait des énormités comme : ah oui celui-là c’est le bon car vous n’êtes pas incompatibles, vous n’avez pas besoin de traitement, un bébé naturel c’est quand même mieux qu’un bébé artificiel etc… et toutes ces réflexions venant de personnes évoluant au sein de milieux privilégiés et ayant toutes fait des grandes études. On pourrait donc s’imaginer qu’ayant accès facilement à l’information, elles se seraient informées, ou auraient su comprendre ce que j’avais expliqué en termes simples et précis, mais non, toutes sont restées avec leurs a prioris. Triste…

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  15. Très joli article qui me parle beaucoup, ma meilleure amie n a que trop souffert de ce parcours…
    Mais félicitations pour cet heureux événement 😃.
    Attention à l après grossesse. Il y a parfois une ambivalence entre grossesse tant attendu et droit comme tout autre parent à etre parfois « fatiguée » de l’ attitude de nos têtes blondes.

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  16. Bravo pour cet article Simone, très bien écrit. Tu arrives à mettre des mots sur des pensées que j’ai eu très souvent. Je te rejoins totalement sur « Oui, il faut absolument parler de l’infertilité mais pas à n’importe qui, au risque de se rendre le combat plus difficile. »

    Mes parents étaient au courant, et j’ai parfois trouvé lourd d’avoir à gérer EN PLUS les remarques de ma mère, alors que je cherchais chez elle du réconfort. Ces remarques qui se voulaient certainement très compatissantes, mais maladroites au possible « C’est une terrible épreuve qui nous est envoyée » (?! euh, les piqûres, les ponctions, les hyperstimulations, rappelle-moi, c’est elle qui les a vécues ?).

    Je te rejoins aussi sur « garder secret le calendrier », pour les mêmes raisons : ma mère, encore, qui était dans les startings blocks 15 jours après le transfert de TED (mail, sms, messagerie, je ne savais plus comment y échapper !).

    Et aujourd’hui, je redoute un peu de leur annoncer ma gertrudade, que nous avons gardée secrète, parce que j’ai peur des RALC sur « tu vois, le secret c’était JUSTE de ne pas y penser ! »

    Donc en parler « mais pas à n’importe qui », ce n’est pas tellement une question de proximité (familiale, sociale, amicale ou professionnelle), je pense que c’est surtout une question de tempérament de la personne qu’on a en face…

    En fait, l’infertilité, c’est comme pour tous les autres « grands » sujets dans la vie, il faut choisir son interlocuteur 😉 !

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  17. ici, le choix a été d’en parler.
    D’abord, pour dé-tabou-iser le sujet.
    Puis, pour arrêter les RALC (parce que bon, ca va 5 minutes) et force est de constater que maintenant, on nous fout une paix royal sur le sujet, même en famille! ils savent qu’on est suivi (enfin, poursuivi) et tant qu’on ne donne pas de news, personne ne questionne…
    et surtout, au bureau, pour avoir une espère de tranquillité d’âme quand tu es dans ta phase piqure-echo-prise-de-sang-appel-entre-12h-et-15h-pour-la-suite et que, par conséquent, t’arrives en retard, t’es pas en mode mère sourire et que tu vis avec ton tél greffé dans ta main. Ah oui et que potentiellement, tu vas avoir un arrêt d’une semaine….
    après, c’est quelque chose qui colle à nos caractères et notre façon de vivre et je peux comprendre que beaucoup n’en parle pas, car face à ces épreuves, on ne gère pas tous de la même manière, on ne développe pas les mêmes défenses etc…

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