D’après les manuels, Simone attaque le 8ème mois dans quelques jours. D’après Simone, elle en est dans sa 32ème semaine d’aménorrhée.

Au printemps, alors qu’Edgar n’était encore qu’un taux de b-hcg qui grimpe, lorsque je croisais des gros ventres, je me disais que la montage était trop haute, que jamais je n’aurai accès à ce statut : j’étais envieuse, jalouse et un peu triste.

Désormais, j’ai clairement un ventre de femme enceinte, la démarche ainsi que les « petits maux ». Cette nuit à deux heures du matin alors que je me traînais lamentablement vers les toilettes pour laisser libre court à mes remontées gastriques (bon appétit), je me disais que décidément, j’ai beaucoup de chance. Aujourd’hui au boulot, ivre de fatigue et le dos tellement en vrac à rester sur les chaises pourries des salles de réunions, j’avais de la peine à réaliser mon bonheur. Bref, j’ai un mal de dos de chien, des douleurs à l’estomac quasi en permanence, je dors 4-5h par nuit, nonobstant, je rayonne de bonheur.

Il y a bien les rêves bizarres et les cauchemars à l’approche des examens importants, mais la délivrance lorsque le soignant prononce les paroles magiques « votre bébé se porte bien » a un sacré goût de victoire. A côté, la médaille d’or des 50 km marche de Yohann Diniz, c’est de la petite bière, je vous le dis.

En début de semaine, il y a eu l’écho du 3ème trimestre. Nous avons fait des infidélités au gynéco pour aller voir une sage-femme. Zéro regret, bien au contraire. Nous avions dû renoncer à notre séance de cinéma dominicale pour cause de Momone transformée en larve, mais à l’empour (nouveau combat langagier), nous avons eu droit à un spectacle époustouflant (et remboursé par la sécu). Le rendez-vous a duré 1h dont plus de la moitié rien que pour l’échographie. La sage-femme était très empathique, a beaucoup commenté l’échographie et répondu à toutes nos questions. Edgar bouge beaucoup (rapport aux nuits courtes), il a tout ce qu’il faut au bon endroit (dont des cheveux !) et la photo en 3 D avec son petit nez retroussé nous a littéralement fait fondre.

Gros moment d’émotion. En sortant du cabinet, j’aurai voulu hurler ma joie et mon soulagement. Les choses deviennent concrètes : je vais avoir un bébé.

Sur le plan matériel, peu de choses ont avancé : chambre pas débarrassée, pas de lit… Mais je m’en fous, je suis détachée des aspects matériels et prise d’accès de sobriété heureuse. Les listes de matériel de puériculture me donnent un peu le tournis et la marchandisation de la petite enfance me colle la nausée (alors que vraiment, mes aigreurs d’estomac me suffisent). Le week-end à venir sera l’occasion d’aller faire un tour sur les sites d’occasion, et peut-être de trouver un lit. Mais je sens qu’Edgar arrivera dans un environnement peu équipé et que nous achèterons au fur et à mesure lorsque le besoin se fera vraiment sentir. Il a deux parents qui l’aiment d’un amour fou et l’attendent de pied ferme, cela me paraît plus important que l’acquisition d’un micro-onde ou d’une table à langer. (Mais n’appelez pas l’ASE pour autant, Edgar ne sera pas nu, on a récupéré des vêtements et prévu d’acheter des couches).

En parallèle, je sors peu à peu de ma solitude sauvage. Je prends goût à me rendre à la maternité chaque semaine pour les cours de préparation à l’accouchement et fais même des heures sup’ pour participer à des ateliers où j’apprends des trucs inouïs (genre faut manger équilibré et éviter les perturbateurs endocriniens). Du coup je parle à des femmes enceintes, soit cette partie de l’humanité que j’ai évitée avec soin ces dernières années. Honnêtement, je ne suis pas tombée sur les spécimen 100% dindes redoutés par les PMettes. Il y a bien le t-shirt avec les petits pieds et l’inscription « mini-nous » qui m’a heurtée la première fois, mais globalement, les discussions se lient facilement et elles ne passent pas leur temps à se plaindre de ce qui m’enchante (c’est-à-dire les douleurs tout partout). L’émotion est toujours présente et les larmes ne sont pas loin quand une co- préparationnaire raconte qu’elle a eu des pertes de sang dans la semaine ou lorsque la sage-femme m’a collé un poupon dans les bras pour tester les positions d’allaitement.

Le congé de maternité arrive dans 3 semaines et je sens que je vais avoir besoin de ce temps libre pour, certes me reposer, mais surtout penser au chambardement qui s’annonce. Cela peut paraître idiot à écrire ici, mais je me suis tellement protégée ces dernières années, que j’ai finalement assez peu investi la question de la maternité et de la parentalité. Je me suis peu projetée concrètement avec un bébé dans les bras, tellement j’étais occupée à suivre des ordonnances à la lettre pour faire grossir mes follicules.

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J’espère ne pas blesser les copines de quais et celles qui n’attendent plus avec ces récits. J’essaie seulement de laisser sur ce blog un témoignage sincère des moments douloureux et des petits et grands bonheurs de ma vie d’infertile.

31 commentaires sur « Simone plane et se socialise »

  1. Nan mais PMette ou pas, attente ou pas, on a bien le droit de se plaindre non ? moi je ne me suis jamais gênée comme je l’ai toujours bien toléré des femmes enceintes « ordinaires » autour de moi : on a beau être heureuse on n’est pas obligée non-plus de surkiffer les vomitos et les douleurs de sciatique LOL

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      1. Bon déjà moi je suis émétophobe… ça doit pas aider :-D… pis la sciatique, ben c’est une sciatique quoi…à contrario je ne me suis jamais beaucoup plainte des FIV, que je ne trouvais pas plus désagréables que mon état de base de détraquée hormonale (j’ai beaucoup plus souffert pendant les IACs avec le clomid) de plus pour ce qui est des souffrances psychologiques, j’ai réussi à me conditionner et à vivre la PMA comme une chance, une opportunité de faire enfin quelque chose et j’ai toujours refusé de me couper du « clan des fertiles » et au contraire j’ai profité un max de toutes les maternités de mon entourage… j’ai bien sûr comme tout le monde connu le désespoir… Mais je pense que j’ai « réussi » tout ça parce que j’ai eu la chance de pouvoir prendre mon temps et d’attendre de vraiment le vouloir pour le faire (entre l’arrêt pilule et ma première FIV il s’est passé 5 ans ! avant j’avais trop peur, je n’étais pas capable) du coup c’était moins « subi » que pour certaines de mon entourage. En plus (bonus ! lol jaune) sur les 5 années précédentes j’ai perdu une grande partie de mes plus proches (mon papa, mes grand-parents, mes oncles…) de fait tu as tendance à relativiser les « malheurs » … je me rappelle qu’à cette époque tant qu’il n’y avait « pas mort d’homme » je pensais que tout pouvait s’arranger.
        Bref ma pauvre je t’ai fais tout un roman lol tout ça pour dire qu’on vit toutes les choses de manière différentes en fonction de nos histoires respectives et qu’à mon avis on peut bien se plaindre de ce qu’on veut quand on le fait de manière décente 😉

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  2. J’ai toujours une rancune persistante envers cette infertilité qui nous bouffe notre grossesse. On fini avec notre/nos bb et c’est une chance énorme évidemment mais J’ai l’impression qu’on m’a volé ma grossesse, de n’avoir vécu ces 8 mois que dans l’angoisse.

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  3. Hihi et la montagne maintenant c’est ton bidon!
    Je vais dire un truc bête peut être, mais la parentalité bah cela s’apprend une fois ton petit dans les bras, en tous cas pour moi hein! On a beau en avoir parlé (et avec la démarche d’adoption on a été obligé de monter un vrai « projet de parentalité ») bah dans les faits c’est jour après jour que tout se met en forme 😉
    Prends soin de toi Jolie Simone et profites bien de ta montagne 😉😘

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  4. Oui tu vas avoir un bébé. C est tellement incroyable cette sensation, tellement miraculeux près ces années de Pma ! On ne se projette jamais completement même le jour de la naissance… Je te souhaite une merveilleuse fin de grossesse, et continue d écrire pour nous, c est un vrai bonheur de te lire.

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  5. Ton dernier paragraphe me fait vraiment quelque chose…. et je suis convaincue, pour avoir été longtemps une lectrice de l’ombre que, lire des grands et des petits bonheurs sur le blog d’une infertile donne de l’espoir et du courage. La sincérité de tes écrits est vraiment très touchante. Et cest avec beaucoup d’émotion que je t’imagines tres bientôt avec un enfant dans les Bras…
    Comme toi, à 32 SA j’ai eu un déclic, tout a commencé à devenir réel : j’allais etre maman… même si j’ai eu peur de la tuile jusqu’au bout (au point que je pleurais à chaude larme sans pouvoir tenir sur mes
    Jambes le matin de ma césarienne programmée). Et en effet, comme
    Tu le dos si justement, on s’est concentrée pendant toutes ces années à réussir à avoir un
    Enfant sans se projeter au delà…. mais chaque chose en son temps… prends bien soin de toi 😘

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    1. Effectivement les 32 Sa sont une sacrée étape : on redoute moins la grande prématurité et le bébé ressemble vraiment à un bébé, rendant le miracle plus perceptible. Bien sûr je continue à avoir des accès d’angoisse mais ils sont plus facilement dominés désormais. J’espère que tout se passe bien pour toi et tes Loulous ! 😘

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  6. Merci pour ce récit, qui aide beaucoup.
    En tant que PMette beaucoup moins aguerrie que toi mais qui commence à quand même avoir de longs mois et un certain nombre d’échecs et fausses couches à son actif je m’achemine péniblement vers ma 12è SA. Grossesse au début gémellaire puis finalement l’un des jumeaux s’est fait la malle. Je n’arrive pas à être contente, j’attends toujours le moment où l’autre va se décrocher, où il va falloir faire le deuil et recommencer les traitements. Je sais même pas à quel stade je vais faire l’annonce officielle (peut être à la naissance? 😉 )
    Oui tu as raison, la PMA nous vole notre grossesse, même si on la lui doit. Seul avantage pour moi : le suivi médical allégé par rapport à la PMA (quoi pas d’écho endovaginale 3 fois par semaine??? mais c’est le pied!)

    Bref ton témoignage donne beaucoup d’espoir, je vous souhaite plein de bonheur ainsi qu’aux autres qui attendent le train.

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  7. Mais à l’empour, carrément quoi, hourra Simone 🙂 (par contre libre cours hein ?!) Sois heureuse de ce beau bébé et plane, ma Simone ! Et vivement la quille quand même, pas terrible les chaises de réunion. Et bravo, parce que moi, même trois ans plus tard j’ai toujours du mal avec la gestation d’autrui. Sur ce grain de sel inutile, je te souhaite une bonne nuit (allez au moins 6h !)

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  8. Les couches! Il n’y a que ca de vrai! Pour la naissance de notre Miss, nous avions egalement decide de faire des achats a minima… bref, quand on a eu le bebe dans les bras, on s’est rendus compte qu’on avait oublie d’acheter des couches… c’est ballot!
    Je te souhaite une belle decouverte de la maternite 🙂

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  9. Tes billets me fout des frissons car ton parcours est presque similaire au mien d’autant plus que j’ai suivi tes dernières FIV.. je suis si heureuse de lire que la grande rencontre approche s’est passé si vite j’ai fait un bon du canapé quand j’ai vu que tu as fait ta 3e écho enfin je veux dire l’ écho du 3e trimestre… punaise que le temps passe pour les affaires de puériculture je me reconnais dans ton écris car figure-toi que même les sièges auto des jumeaux ainsi que la poussette et cetera nous les avons acheté grave en speed le jour où à la néonat ils nous ont dit qu’ils sortaient dans deux jours c’est pour te dire….. Profit des dernières semaines de grossesse

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  10. Tu n’as pas à culpabiliser de t’exprimer ici. Nous on sait ce qu’il a fallu pour que tu en arrives là. Et c’est largement mérité !
    Le plus dur c’est la « vraie vie », quand ton gros bide montre à quel monde tu appartiens sans que personne sache la « vérité ». Parfois on a envie d’avoir le t-shirt « j’ai mis x années à l’avoir », car Cest ce gros bide qui fait souffrir les infertiles.
    Mais voila Cest ton tour de marcher comme un canard et de te caresser la brioche. Tu as le droit et l’ordre de le faire. Profite ! Profite ! Cest TON, VOTRE moment !
    Des bisous 😘

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  11. Ton témoignage est précieux, on te sent sereine. Les couches, c’est quand même bien pratiques 😉 Même si tu n’as jamais vraiment pouponné, tu vas vite t’y faire. Les premiers temps avec un bébé sont tellement intenses. Je te souhaite une belle rencontre.

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  12. Ton billet m’a touchée, il est très vrai. Du moment que tu as des fringues et des couches, tu es sauvée 😉 comme tu dis, le reste viendra au besoin. La parentalité, c’est çà a mon sens : au feeling.
    Ton billet m’indique que dans 8 semaines, tu auras ta merveille dans les bras… Si tu me le permets, je serai ravie de connaître son prénom, j’adore les prénoms (oui je sais, je suis bizarre), au moment venu. D’ailleurs, ce sera aux alentours des 1 an de ma bébé, c’est drôle (enfin non, ce n’est pas drôle mais moi je trouve çà drôle). Des bises.

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  13. super cet article. Comme je te comprends pour les nausées crées par le matériel de puériculture. Au fur et à mesure et d’occasions, je trouve ça très bien ! bon courage pour ces trois dernières semaines de travail.

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  14. Très bientôt tu vas donc pouvoir parler en toute intimité à ton ventre tout le temps, c est bat. Et bientôt en face. Moi j ai attendu d être en face pour me lâcher niveau parlotte. Les choses se sont déverrouillées peu à peu. On fait au mieux avec notre histoire chargée… nan mais du bonheur Simone, c est tout c’que tu mérites, du bonheur!

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