Dans un mois Noël sera derrière nous.

Qui dit période des fêtes dit…

Non, je ne vais pas vous parler de l’angoisse de l’infertile à l’idée des retrouvailles familiales autour de la dinde et des marrons avec son cortège de questions dites ou tues qui font peser bien lourd les ventres vides.

Ne soyez pas pour autant rassurés, je vais parler d’un sujet qui peut apparaître bien glauque au premier abord.

Qui dit période des fêtes dit fin d’année…

Non, vous ne voyez toujours pas ?

Qui dit période des fêtes dit…fin d’exercice fiscal !

Ça vient ?

Le moment où certaines personnes aiment mettre en ordre leur petites ou grosses affaires financières et pensent à l’avenir proche ou lointain.

Ce n’est pas mon cas car j’ai choisi d’enrichir les médecins et de participer au redressement des comptes de la SNCF avec mon parcours PMA distant de mon domicile.

Et je ne pense pas trop à l’avenir car je n’ai ni patrimoine ni descendance à qui le transmettre et encore moins dans des modalités « optimisées fiscalement ».

Bref, je veux vous parler des publicités que j’entends à la radio qui incitent les gens à intégrer dans leur testament, outre leurs descendants, telle ou telle fondation d’utilité publique ou association. Ces publicités où des couples âgées se remémorent leur belle vie, leurs beaux projets, leurs beaux enfants et disent qu’ils veulent laisser une « trace » supplémentaire en faisant profiter autrui de leur générosité.

Cela me renvoie à ce que je serai dans quelques dizaines d’années. Aurai-je eu le temps de mener les projets qui me tiennent à cœur ? Aurai-je des descendants à coucher sur mon testament ? Aurai-je des regrets ?

Une des publicités fait parler une vieille dame à la voix joyeuse et sereine qui n’a pas eu d’enfant mais qui est toute heureuse de transmettre ses valeurs à la fondation x pour que celles-ci perdurent après sa mort.

Elle me remue tout particulièrement les tripes celle-là tant je me dis que cette vieille dame, cela peut-être moi dans 40 ans.

Cette question me renvoie à l’absurdité d’une partie de ma vie de jeune adulte passée à dans des salles d’attente de PMA.

Longtemps, il m’a semblé que la fragilité de la vie était acceptable dans la mesure où l’on peut se raccrocher à l’idée que l’on aura une descendance qui parle de nous après notre mort, se partage nos meubles, regarde nos photos et par la même continue de nous faire exister.

Depuis quelques temps, j’arrive à mettre à distance cette conception.

A moi de jouer pour vivre sans attendre et pouvoir un jour parler d’une voix joyeuse et sereine de mes dispositions testamentaires. Descendants directs ou pas.

25 commentaires sur « Fin de l’exercice »

  1. Pour moi c’est le plus difficile, me dire que je suis réduite à l’essentiel, et qu’après moi il ne restera absolument plus rien. Je fais moins de photos (pour montrer à qui plus tard?), par contre le truc « bien », pas besoin de bas de laine pour que la génération suivante ait quelque chose…

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  2. A la suite de l’échec de la FIV 2, à ma grande surprise je ne me suis pas écroulée en allant acheter la petite boite de tampon que je refusais d’avoir dans mon placard par superstition, mais au retour, en passant devant le cimetière. Puis deux jours plus tard au labo face aux larmes de l’une des secrétaires qui venait d’apprendre qu’elle etait mamie… Puis encore quelques jours plus tard, longuement dans ma voiture, suite à la visite de l’ehpad de l’un de mes clients (une je connaissais pourtant bien….).
    Car oui, l’absence d’enfant nous rapproche de la vieillesse et de la mort avec une brutalité déconcertante. Pas d’enfants, pas de petits enfants. Je ne cessais de me dire : une fois l’homme parti, serai-je cette femme perdue au regard triste assise dans le couloir d’un ehpad en espérant une visite? Mais quelle visite?..
    Puis au fil des échecs j’ai commencé à craindre de le perdre encore plus tôt et à pleurer parfois quand il partait faire plusieurs heures de route, de peur que le sourire que je voyais au fond de l’allée soit le dernier.
    Je n’ai pas entendu les publicités dont tu parles Mais je trouve celle de la vieille dame racoleuse et violente.
    Et comme je te comprends qu’elle te serre le coeur….
    Je n’ai toujours pas les mots qui consolent… Alors je te fais un gros bisou… ❤️

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  3. Il existe tant de personnes « âgées » qui ont des enfants mais ne les voient que rarement voire jamais… Parfois j’ai les mêmes pensées que toi, surtout quand nous allons voir les grand-parents bien entourés par enfants & petits-enfants (et même arrières petits-enfants…), mais à d’autres moments je me dis qu’on ne fait pas des enfants dans le but qu’ils s’occupent de nous quand on sera vieux, parce que rien n’est moins sûr, et ce serait une bien lourde charge à porter que de leur imposer cela.
    En tout cas, pas de prise de tête sur les économies à faire pour la descendance, tout passe dans les traitements et les séances psy, et les bouteilles de rhum… (et les billets de train/d’avion/de RER).
    [ça fait drôle de t’écrire en connaissant ta tête maintenant :p ]
    Des bisous

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    1. Je partage complètement ce que tu ecris car justement, toujours dans ce meme ehpad, je revois une grande mere regarder ses photos avec amour et la gérante (une femme exceptionnelle) les commenter avec elle. Elle me dira en sortant de la chambre « personne ne vient jamais la voir et hélas vous n’imaginez pas à quel point c’est fréquent ».
      … 😢

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  4. coucou Simone. J’aime tes articles et tes réflexions car au final, à un moment, on y pense toutes/tous. IL y a encore quelque temps, j’étais dans l’optique de faire un enfant… jusque là ok. Mais maintenant je me dis : « sans enfant, où ira tout ce qui m’appartient, nous appartient.. ? » J’y pense de plus en plus… A quoi bon ! Des bisous Simone.

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  5. Des questions qui n’ont pas lieu d’être, tu auras passer ta vie à bosser 50 heures par semaines payées 35 et comme tous tes frais médicaux (non gravissime) ne seront plus pris en charge par la sécu tu seras bien sûr surendettée.
    Alors ne te prends pas la tête là-dessus, des trucs à léguer on n’en aura pas.
    J’ai l’air déprimé?

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  6. La question de la descendance a été une de mes 1ères confrontations dès que j’ai su que n’aurions pas d’enfant. C’est quelque chose avec lequel je vis et travaille quotidiennement car parfois ça te revient tel un boomerang lorsque tu pensais avoir fait le deuil : pendant le déménagement de mes parents avec les affaires de bébé qui avaient été mises de côté précieusement pour la transmission, j’ai eu un grand moment difficile émotionnellement et lorsque je suis entourée de mes proches qui ont tous leurs transmissions, je vois ce grand vide qui est présent et manifeste.
    Cette voix qui t’a remué les tripes je l’ai entendu et ça m’a fait aussi quelque chose car j’aurais justement ce choix à faire, que vais-je pouvoir donner dans 40 ans et à qui, serai-je sereine face à ça ? Du coup c’est aujourd’hui que je veux transmettre et je me bats tous les jours pour laisser cette trace dans mes choix, les actions que je mène pour les générations futures. J’essaye de me réconforter aussi en me disant qu’au moins on ne sera pas un poids pour des enfants qui auraient pu se sentir obligés de s’occuper de nous.
    Merci pour tes réflexions qui m’aident aussi à avancer dans mon cheminement.
    Je t’embrasse bien fort ma petite Simone

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  7. La vache, je te comprends à 99%. Le truc qui me remue les tripes quand je m’occupe de ma mamy de 93 ans, chaque semaine. Qui pour moi plus tard? ne pas être une charge, ça peut être ce qui nous rassure, mais ce n’est vraiment pas ce que je ressens pour ma grand-mère, que j’aime, qui m’aime, et nous échangeons de l’amour.
    Qui m’apportera l’amour et à qui le donnerai-je? Et mes sous (quels sous?) A la fondation bidule? Tu parles, oui, je vais tout dépenser pour ma tronche! Plus un sous pour personne, non mais! Tiens, même, je m’endetterai un max, histoire de mourir épanouie et pas frustrée.

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  8. Là encore, ton article me bouleverse, et fait écho à mon histoire… Cette pma pose des questionnements bien au delà du désir d’enfants. Cette peur de la mort et du manque de transmission. J’espère que tu vas dominer ces pensées et garder le cap. Tendre câlin

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  9. En ce qui me concerne, j’ai opté pour la technique de l’autruche…je ne me projette pas sur le long terme. Je peux nous imaginer dans quelques années mais pas au delà. Je pense que c’est une façon de me protéger et de ne pas avoir à affronter trop d’angoisses en même temps. Ces dernières années l’infertilité et la pma ont pris une place incroyable dans nos vies. La plupart de nos projets sont en suspens et une très grande partie de notre énergie est engloutie par la pma. Si finalement ça marche on se dira que ça en valait la peine. On fera de nouveaux projets, on construira de beaux souvenirs et on trouvera l’énergie nécessaire pour transmettre à nos enfants un peu de nous. Mais, effectivement, si ce parcours se termine sur un échec j’aurai l’impression d’avoir perdu beaucoup de temps et de force pour rien et d’être, d’une certaine façon, passée à côté de ma vie. Alors il faudra encore beaucoup de force pour trouver l’énergie de partir sur de nouveaux projets, de trouver un nouveau sens à notre vie et d’essayer de trouver une autre façon de laisser une trace…

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  10. En tant qu’infertile j’ai aussi été interpellée par cette pub, que j’entends régulièrement à la radio alors que je suis au volant… (Infertilité inexpliquée depuis au moins 3 ans et demi, 38 ans, 3 IAC dont une fausse couche. Désir d’enfant depuis environ 8 ans). L’infertilité subie me donne souvent l’impression de devoir comme « sauter une case », une étape de vie, et d’être déjà – à pas 40 ans – dans des questionnements de personne âgée. Oui, on se prend effectivement la question de notre mort en pleine poire, et ceci, plus, je pense, que lorsqu’on a un(e) petit(e) dont il faut s’occuper, se préoccuper, et qui donne un certain sens à ces années qui passent, à l’avenir. Selon mon état de fatigue et le temps qu’il fait, je trouve ça terrible, extrêmement triste, ou supportable (j’arrive dans ces moments-là à considérer la certaine insouciance financière qui découle notre situation… ou le fait de pouvoir dormir la nuit peinarde… ce genre de choses.) Mais, globalement, c’est en effet assez glauque.

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  11. Au début de ce mois j’ai rencontré une dame (de 49 ans si mes calculs sont bons) qui me disait que pour elle c’était la toute dernière FIV qui avait marché (elle a un fils de 13 ans). Elle me disait de façon très décontractée qui si il s’avérait que ça ne « marchait pas pour moi », il faudrait se concentrer sur le fait qu’avoir un enfant c’est vivre une certaine forme d’anxiété permanente (pourvu qu’il ne se fasse pas reverser par une voiture, etc.). Son ton très juste donnait vraiment l’impression qu’elle délivrait un discours sincère… Alors il faudrait peut-être tenter de se consoler avec ce genre de considérations.
    Parfois je me dis que c’est aussi parce qu’on est en plein dedans (PMA, attentes, espoirs, échecs sans cesse renouvelés) qu’on a tant de mal, et que peut-être les années prochaines ne apporteront un peu de sagesse, quelle que soit l’issue du parcours.
    Parce que oui, y a pas, il faut effectivement trouver des moyens de « vivre sans attendre », « descendants directs ou pas »…
    Au passage : j’adore le cynisme et l’humour de tittounett 🙂 Bravo :))
    Des bises à toutes

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