Expliquer, avancer, continuer d’y croire

Un petit billet « 36 15 mon parcours en PMA » qui ne devrait pas déchaîner les passions* autant que le Morandinigate ou la chasse aux Pokémons.

*Nonobstant, une phrase polémique complètement con est cachée dans ce billet, saurez-vous la reconnaître ?

Cette semaine, nous sommes montés tous les trois deux fois à la capitale : une fois pour le rendez-vous avec la biologiste et une seconde fois pour le rendez-vous avec le Dr Espoir. Nous avions réussi à caser les deux rendez-vous le même jour et puis patatras, la semaine dernière, la secrétaire a appelé pour en décaler un. Comme on ne sait pas quoi faire de nos jours de congés et de notre fric, ça tombait bien. Mais en vrai, on n’a même pas soupiré, on a dit c’est comme ça, on n’y peut rien, conservons notre énergie pour lutter contre les cons. Bref. Était enfin venu le moment du retour sur les examens prescrits en avril.

Comme c’est encore un peu les soldes, je vous fais un article pour le prix de deux consultations, avec dépassement d’honoraires nonobstant.

Il est donc confirmé par l’Académie (oui, c’est comme ça que je vais appeler les docs qui me suivent désormais, c’est plus classe que « mon gygy d’amour » ou « le biologiste ») que la Momone sort de l’infertilité inexpliquée en majesté et par la grande porte. Ah, il est loin le temps où je me (vous) prenais la tête sur la distinction entre inexpliqué et inexplicable. Maintenant, on sait expliquer la raison de mon infertilité en couleurs et en 3D et clairement je suis hyper soulagée. Cela ne changera rien à nos difficultés de conception, mais au moins, je sais contre quoi me battre. C’est important pour moi de pouvoir nommer l’ennemi. Les ennemis en l’espèce.

Alors, leurs petits noms :

• Léger dérèglement de la thyroïde
• Utérus mal tapissé qui produit des polypes
• AMH à 1,8 soit bien basse pour mon âge
• Adénomyose
• Endométriose tout partout comme sur le schéma dans le bureau de Doc Espoir

On a bien aimé le rendez-vous avec la biologiste. A dire vrai, on ne voyait pas trop à quoi ça servait un biologiste en PMA (à part secouer le shaker avec nos gamètes). Avant notre 1^ère FIV à Tataouïne, nous avions eu un rendez-vous (obligatoire ?) avec le biologiste local qui avait duré 5 minutes montre en main avec défilé d’un diaporama auquel nous n’avions rien compris. Il en fut tout autrement cette fois-ci. La dame nous a gardés 1 heure, elle s’est adressée à Simon comme s’il était partie prenante dans ce projet d’enfant. Alors que normalement c’est que les mères qui doivent s’occuper des enfants et du ménage tout en restant attrayantes pour la plus grande satisfaction sexuelle de leur mari. Très humaine, elle a pris le temps de nous expliquer et de répondre à nos questions. A un moment, elle a même souri, pas pour se moquer de notre ignorance en biologie, juste parce qu’on sait parfois être un couple rigolo (une histoire de foie de veau… ça paraît pas, mais c’était drôle dans le contexte. Je vous jure. Si, dans le contexte).

Donc la biologiste a soulevé des points ignorés jusqu’ à présent par les Sous doués (c’est comme ça que je vais désormais appeler les docs qui nous suivaient auparavant, c’est plus classe que les « Nanards ». Il y a le mot « doués » dedans. Quand même).

Mon dossier médical d’avant

Sinon, elle nous a donné 3 conseils alimentaires majeurs :

• Pas plus de 2 doses de caféine par jour (sachant que 2 thés équivalent à 1 dose)
• 5 à 7 portions de fruits et légumes par jour
• 3 à 4 verres de vin maximum par semaine

On s’est beaucoup reparlés du 3^ème conseil le soir autour d’une bière et on a décidé qu’on boirait désormais que du très bon pinard. Et là, vient l’instant arithmétique de ce blog : deux fois trois verres de 12,5 cl, ça fait juste une bouteille de 75 cl. Une pour deux. C’est le patrimoine gastronomique qu’on assassine. Une demie par personne. C’est tout. Purée, je vous dis que les conteneurs à verres de Tataouïne vont se retrouver au chômage technique. Faudra pas vous étonner quand les médias causeront cet automne de la crise de la filière viticole française, nous, plus les intempéries, ça va faire mal, croyez moi.

En vérité, ça fait quelque temps que j’avais mis un terme à ma carrière de pochtronne, donc la marche ne sera pas si difficile à descendre.

Puis est venu le rendez-vous avec le Docteur Espoir. Surprise : elle avait non seulement déjà regardé nos résultats et en plus déjà causé avec la biologiste. C’est agréable de ne pas avoir à tout ressasser à chaque fois. Après discussion, elle nous a proposé deux solutions :

          1/ On m’opère pour l’endométriose

Avantage : on me nettoie mais partiellement car on ne pourra pas atteindre les trucs trop proches des ovaires

Inconvénient : on perd du temps pendant lequel mon AMH continuera de faire grise mine

          2/ On tente une FIV à la rentrée avec objectif d’avoir des blastos pour les congeler. Le transfert se ferait après traitement pour rendre mon utérus plus accueillant et calmer l’endométriose. (Mais là, je n’ai pas tout compris. Je poserai des questions plus précises en temps utile si blastos il y a).

Avantage : on ne perd pas de temps vis-à-vis de l’AMH et on vérifie si nous sommes capables d’avoir des blastos ou non

Inconvénient : le risque est présent de ne rien avoir du tout

J’étais plutôt partie pour faire une pause dans les traitements durant ce second semestre et me remettre sur pied physiquement. Mais après y avoir réfléchi, nous avons opté pour la 2^ème solution. La question de l’AMH nous a clairement décidés et aussi la brièveté du protocole proposé : 2 semaines d’injections et non pas 1 mois et demi comme avant (avec les Sous-doués si vous avez bien suivi depuis le début). Pas de décapeptyl à s’injecter mais du Provames à gober à J20 du cycle précédent. Bonheur suprême : j’aurai le droit de me faire les injections moi-même, ce qui va simplifier considérablement mon quotidien durant le traitement. Adieu le stress d’être à l’heure tous les soirs pour les infirmières. Que demande le peuple ? Réponse : un bébé.

A la sortie du rendez-vous, nous sommes allés dévaliser la pharmacie la plus proche puis trinquer à notre réussite (à l’eau claire accompagnée de salade verte, hein). Dès le lendemain, nous avons commencé à gober nos cachetons de vitamines. Oui grande première : Simon y a droit aussi. Ce petit côté doublement participatif de cette FIV en préparation me plaît bien.

En résumé, je ne sais pas si je réussirai un jour à avoir un bébé (ou deux, ou trois) mais je sais définitivement que je n’aurai pas de remords tant je suis convaincue être désormais entre de bonnes mains. N’étant pas complètement naïve, je n’en suis pas à espérer des blastos congelés suivis d’un TEC positif. Nonobstant *alerte : quota « nonobstant » dépassé*, cette impression d’avoir enfin un Doc qui sait où il va me donnerait presque envie de siffloter légèrement. Comme si j’étais sereine.

***

Nous avons profité de nos passages dans les beaux quartiers pour faire du tourisme sociologique.

Tout d’abord un petit arrêt dans une église pour soutenir les bonnes ondes du Dr Espoir.

c’est comme avec la micro kiné : je ne suis pas forcément croyante a priori, mais je peux devenir pratiquante…

Puis, posés à une terrasse, nous avons bénéficié des conversations des autochtones. Dont deux vieilles carnes ressassant leur nostalgie de la première moitié des années 1940. Elles nous ont ensemencés de leurs préconisations politiques pour régler les problèmes du pays, de l’Europe et du monde. Rien que ça. Eh ben, ça fait frémir. A la table d’à-côté, nous avions droit à une discussion sur les mérites et démérites comparés des nounous en fonction de leurs origines ethniques. Coin-coin en avait mal aux oreilles. Et nous, malgré la chaleur, on a eu tout froid d’un seul coup en pensant aux prochaines élections présidentielles. Surtout que nous étions clairement en minorité sur cette terrasse remplie. Rappel : chaque bulletin de vote comptera tout pareil.

Coin-coin sortira désormais couvert lorsque nous retournerons dans ces territoires perdus de la République

Pour finir sur un ton léger, une photo prise dans les toilettes dudit café : on reconnaît bien la vulgarité des hyper-riches qui considèrent le champagne comme un produit ménager de première nécessité.