Avertissement : le billet qui suit est sponsorisé par Kaameloott®

Simone donne dans la GEU en ce moment, la 1ère partie du récit se trouve ici. La suite c’est ci-après.

(…)

C’est parti pour une première nuit à la clinique

Simon rentre à la maison. Je suis trop fatiguée pour réussir à dormir. De toute façon, c’est le boxon. L’isolement acoustique étant largement perfectible, j’entends ce qui se passe dans la chambre à côté. Mon vieux à prothèse étant sourd par ailleurs, il faut lui parler très fort dans la bonne oreille. Je comprends sans grandes difficultés qu’il n’y arrive pas et que donc, oui oui, on va lui faire un lavement. Maintenant.

Je me félicite de mon peu d’appétit un peu plus tôt.

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lui aussi

Je fais des mini siestes, entrecoupées de surf via mon téléphone intelligent sur les sites d’information : mon ventre est à l’image du monde, ça se délite de partout. Marasme généralisé. Poilus, barbus, je me concentre sur les malheurs extérieurs. C’est plus dimensionnant que mes soucis du moment.

Clinique jour 2

Pas de petit-déjeuner car je dois rester à jeun en vue d’une éventuelle opération dans la journée. Re-prise de sang. Bras gauche. Le gynéco de la veille vient me voir pour prendre de mes nouvelles, il prend le temps de s’asseoir pour discuter. Chapeau. Je lui demande comment c’est possible que l’embryon se retrouve dans la trompe alors qu’on l’a déposé dans l’utérus. Réponse : il a tout simplement décidé de prendre le chemin inverse, cela arrive. Il s’est pris pour un saumon. Déjà qu’il n’était pas très beau…

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Note : la métaphore du saumon n’est pas appropriée aux embryons. Mais alors pas du tout du tout.

Puis, histoire de m’occuper un peu, je me traîne jusqu’aux admissions pour faire la paperasse d’entrée. Pas facile, avec le ventre l’estomac vide.

Une infirmière vient me dire que le taux hcg a un peu diminué. C’est bon signe.

Proverbe de PMA :

Quand tu en es à te satisfaire d’un taux qui baisse, c’est que beaucoup tu encaisses. ©SimoneAttend

Je retourne voir le gynéco: il me fait à nouveau une écho très longue pour être vraiment certain de lui. Effectivement, il y a bien quelque chose du côté de la trompe droite. Il me réexplique longuement les caractéristiques de l’opération d’une part et de la voie médicamenteuse, d’autre part. Je rentre dans les critères de la voie médicamenteuse. Donc, allons y. Mais attention, cela ne fonctionnera peut-être pas du 1er coup, il faudra peut-être une seconde injection ou même opérer. En fait, ça peut prendre des jours et des semaines pour mettre un point final à cette GEU. Je comprends que je viens de prendre un abonnement pour cette clinique.

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La GEU est sournoise

Ben voilà, Simone, tu devrais être contente, toi qui préfères l’attente pleine à l’attente vide.

Retour dans la chambre. Déjà l’heure de déjeuner, j’ai faim mais le chef de la cantine ne doit pas avoir les mêmes moyens qu’un étoilé Michelin. L’eau est dégueulasse, je demande à l’aide-soignante si y a pas moyen d’avoir un peu de pinard. Elle se marre. No way.

Naïvement, je m’attends à un appel de la PMA : il y a bien un médecin qui a du tomber sur le fax de mes résultats et qui va se sentir un peu concerné. Peut-être, peut-être pas. En tout cas, pas d’appel.

Puis je bouquine, surfe et somnole. Simon arrive dans l’après-midi (avec une bouteille d’eau, yeah !). Nous badinons et devisons relativement gaiement. Il en va ainsi chez les couples classes comme nous : on ne se contente pas médiocrement de parler ou de discuter.

Pendant tout ce temps-là, les soignants sont à la recherche du méthotrexate. La clinique n’en dispose plus et le produit est difficilement trouvable dans l’agglomération. Ce fut le sketch de l’après-midi : l’infirmière passait régulièrement me donner des nouvelles de la quête du médoc et de son acheminement. A la fin, ça me faisait marrer. Mais je voulais vraiment en finir et qu’on me la fasse cette fichue injection. C’est affreux cette sensation d’avoir un embryon sans destin en soi.

Simon retourne à la maison.

Mais c’est qu’il est déjà 18h30, dites-moi, l’heure de dîner. Mon vieux d’à côté doit avoir faim. Saturday Night fever je vous dis. Le poisson est en carton, le riz repoussant et la soupe sent la sueur. Je me rabats sur le pain.

Peu de temps après, l’infirmière entre dans ma chambre, elle est protégée de pieds en cap, masquée, des longs gants. Elle m’explique que c’est dû à la dangerosité du produit. Je m’allonge sur le ventre et lui découvre la partie la plus charnue de mon être. C’est la fesse gauche qui prend. La piqûre en elle-même n’est pas douloureuse, mais on sent le produit passer et ce n’est pas du tout agréable.

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L’infirmière était beaucoup plus courtoise

L’opération : « sauvons la trompe droite de Simone » est officiellement lancée.

L’infirmière m’explique que je serai sous surveillance jusqu’au lendemain matin. C’est-à-dire que l’on passera régulièrement me prendre tension, température et me donner des antidouleurs. Je dois appeler au moindre malaise. C’est donc parti pour une soirée et une nuit hachée (on peut aussi reporter le h en i, hein).

Je reprends mon livre. Ironie de l’histoire, c’est La consolante, d’Anna GAVALDA. Au petit matin, j’arrive à la page 578 :

Il y a la première manche, la deuxième, la belle, la revanche et la consolante. C’est une partie pour rien…Sans enjeu, sans compétition, sans perdants…Pour le plaisir, quoi…

C’est moi où Anna me provoque sur mon parcours PMA?

Je lis le bouquin en entier, en tendant bras droit et oreille droite de temps en temps pour les prises de tension et de température.

Clinique jour 3

Je finis par m’endormir vers 6 h du matin. 7h29 je dors bien profondément. 7h30, les lumières s’allument, le petit-déjeuner arrive. On est dimanche, jour des croissants. J’apprécie le geste. Je me douche et m’habille. Les douleurs sont supportables mais je ne peux pas faire grand chose de plus que de rester allongée.

Un autre gynéco arrive et se présente à moi. Il m’explique que depuis mon entrée l’avant-veille au soir, il a été en binôme avec le 1er gynéco rencontré et qu’ils ont pris toutes les décisions à deux. Il m’ausculte. J’ai mal à droite. Il m’expose à nouveau les risques que le traitement ne fonctionne pas. Avant de me laisser sortir, il veut de nouvelles analyses sanguines.

Puis, il me confie un truc hallucinant quand on y réfléchit un peu : les médecins ont pensé qu’au vu de mon métier et de mon niveau intellectuel, ils pouvaient prendre le risque du métho car j’étais capable d’analyser la situation et de venir aux urgences en cas d’échec. En gros, t’as pas le bac, on t’ouvre le bide direct. Je ne leur en veux pas, cela n’est que le reflet du manque de moyens pour assurer un suivi optimal.

Il part. Une infirmière arrive dans les minutes qui suivent pour la prise de sang. Elle estime que les veines du bras gauche sont trop abîmées, le droit y passe donc. Je cherche à savoir comment on fera le jour où mes deux bras seront trop moches pour être piqués. Elle me répond qu’on pique alors sur la main ou sur le pied. Bigre.

Vers midi, on me donne des ordonnances, des consignes, un arrêt de travail et le feu vert pour sortir. Jusqu’au 25 mars, je dois faire des dosages de hcg très régulièrement. En cas de vertige ou de douleurs abdominales comme un coup de poignard, je dois ramener illico mes fesses aux urgences. Cela signifierait l’échec du traitement et une opération immédiate. Je n’ai jamais été poignardée, mais je me représente à peu près la chose. Pas de bain, pas de rapports sexuels. Dommage, 2 activités qui ne coûtent pas cher et que j’aime bien pratiquer. Et en plus, je dois arrêter de picoler. Pas de sport, évidemment. En somme, il ne me reste plus que la lecture comme plaisir. Et la prière, bien entendu, la prière.

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oui, mais je pourrai prendre une douche

Je reçois un arrêt de travail de 10 jours. J’en imagine un qui va s’étrangler. Et pour la suite, ça va être difficile de se projeter. Marde, j’avais un truc sympa de prévu à l’étranger dans un mois.

Je dois revoir un des deux gynécos dans le courant de la semaine prochaine pour faire le point sur l’évolution des taux et les éventuelles décisions à prendre.

Je remercie toute l’équipe pour l’accueil et la prise en charge qui étaient vraiment au top. J’ai beaucoup apprécié cette surveillance étroite dans un moment pas facile. Si j’avais dû rester à la maison, je pense que j’aurais encore plus mal vécu l’épisode.

Retour à la maison, le canapé me tend les bras. (Oui, il a des bras, mon canapé).

J’envoie un courriel à mon chef pour lui annoncer mon arrêt de 10 jours. Je lui sous entends que je ne compte pas télé-travailler. Je suis crevée, j’ai besoin de faire une vraie pause. Bordal, j’ai attendu un vendredi soir pour faire ma crise de GEU, ça montre quand même mon  niveau d’implication professionnelle.

C’est donc parti pour 10 jours de canapé. Les perspectives de sorties au labo m’épuisent déjà. Cette convalescence va m’occuper à plein temps.

Je suis restée scotchée sur le canapé toute la soirée à comater devant la télé. Nous avons eu le bon goût de regarder le film de France 2 : « 9 mois fermes » qu’il s’appelle. En fait c’était drôle. Même si rire me fait mal au bide.

Puis direction une bonne nuit de sommeil. J’ai dormi comme un bébé.

Côté douleur, j’ai mal au ventre et au dos. Ça me lance dans la trompe droite, mais on n’en n’est pas au coup de poignard. La roulette à pizza en plastique je dirais.

Voilà le point de situation à ce matin, le feuilleton ne fait que continuer, je n’ai pas fini de vous bassiner avec cette GEU!

Très sincèrement MILLE MERCIS à toutes pour vos messages sur le blog, twitter et facebook. Votre soutien vaut plus que tous les antalgiques et les kleenex du monde.

rien foutu
Simone espère qu’elle sera en situation de dire la même chose, preuve que DNLP lui aura lâché la grappe.

108 commentaires sur « Toujours la GEU »

  1. Oh putain Simone. Y’a pas d’autre mot je crois.
    J’espère vraiment pour toi que cette petite bulle saumon saura partir sans aide supplémentaire et sans te causer de trop de mal. Tu en as eu assez.
    Bon courage à toi Simone, sincèrement, et prends bien soin de toi. Des bisous de soutien.

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  2. et ben j’espère qu’il va faire de l’effet et vite ce médoc ! ! Suffit maintenant ! Tu as assez donné comme ça ! Vive le canapé avec des bras pour t’accueillir dans une telle situation ! ! Bisous chère Simone.

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  3. Coucou ma belle Smone ! Je viens de lire le récit du WE en j’en reste coite (ça s’dit hein?!). Punaise mais c’est un truc de dingue !! Je suis juste outrée par ta prise en charge par ton centre PMA. Comment, deux mois après ta fiv, il n’a pas trouvé suspect que tu n’aies pas tes règles ? Et puis le récit de débrief de fiv était juste à gerber. Bravo la prise en charge de l’humain… Par contre, bravo à la clinique qui a l’air d’avoir géré au niveau de l’accueil, explication et humanisation. Si tu as besoin de quoi que ce soir dans cette épreuve, n’hésite pas à m’envoyer un petit mail. Ca doit être très difficile et j’espère que tu ne souffres pas trop (physiquement et moralement). Je t’embrasse très fort et donne nous des news quand tu peux. Et aussi : repos, repos, repos !

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    1. Coucou Mamz’elle Bulle! oui, tu peux rester coite, il y a de quoi… dire que la PMA ne m’a toujours pas rappelée, j’en serais presque dégoûtée comme une amoureuse déçue…
      La douleur reste supportable et j’évite de prendre des anti-douleurs pour ne pas masquer l’alerte « rupture de la trompe ».
      Et toi, comment vas-tu? As-tu pu commencer la stim?
      je t’embrasse fort

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      1. Arf oui m’en parle pas ! Moi aussi j’attends toujours un sursaut d’empathie de la part des médecins. Genre, ils t’appellent personnellement quand tu te prends un négatif (et pas la secrétaire). Mais bon ça se saurait si nos états d’âme les intéressaient. Sinon, moi ça va, je commence la stim demain. 🙂 Espérons que ce cycle soit le bon ! Gros bisous

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  4. Merdoum (again), je croyais que ton histoire finissais avec ce deuxième épisode.
    Brrr…. pour avoir eu 2GE, le « coup de poignard » j’ai pas senti du tout…
    la première, rien senti, donc (alors que j’avais plus d’un demi litre de sang dans l’abdomen quand j’ai fait mon écho la goule enfarinée (et pleine de chocolatine).
    La deuxième, j’avais juste l’impression que j’allais avoir une gastro, un légère sensation de brasouilli du ventre, comme avant une diarrhée (désolée, mais c’est important de ne pas penser « coup de poignard, bobo atroce »!!), alors je me triturais les boyaux, la bedaine, pour savoir si ça faisait des bruits d’enfer et me signaler, que non, je n’allais pas risquer d’aller au boulot si j’avais une gastro. Et puis l’heure du départ arrivant, je m’étais dit que bof, j’avais un peu la gerbasse. Et comme je me savais « enceinte » d’après Claire-Bleue et une première PDS (un peu basse), depuis quelques semaines, j’allais me reposer et ne pas aller travailler (la coquine!). Deux heures plus tard, toujours pas au top, de l’ordre de l’instinct, je suis allée au Urgences Gynéco leur soumettre mon inquiétude : serais-ce une FC qui se préparait (pisque je ne connaissais pas la FC). Et là, houlala madame, y’a du sang dedans, roule ma poule, au bloc. Même scénario, GEU sur la même trompe, sur le « moignon » qu’ils ont écrit sur le rapport (si si ,ça peut, on me la raboter un peu plus). Et taux méga BGCG. Officiellement enceinte (calcul plan couette et température) depuis 7 semaines, et taux de 5-6 semaines. La trompe était donc « soufflée » par la grossesse évolutive (tout pareil : seins tendus, gerbasse).
    Voilà.
    Pas pour te mettre la trouille, mais soit en alerte quand même, une trompe qui saigne ça ne dit rien, c’est pas forcément un truc qui explose et fait mal, et on n’a que très peu de sang dans notre corps, alors bon, ça peut vite devenir grave. Ne reste pas seule, en cas d’évanouissement.
    Désolée, c’est pas rassurant…
    J’imagine qu’on a dû te laisser sortir (vu ta grande intelligence) (Hé ho, on m’a ouvert le bide deux fois à bac + 5!!) et surtout au regard de tes taux qui baissent, et j’espère que tout va rentrer dans l’ordre.
    Au fait, le méthomachin fait l’inverse de l’acide folique, alors, évite de manger ta croquette d’acide folique demain matin si tu veux que ton embryon se résorbe vite et diminue sa taille. (Par ailleurs, ça traite le psoriasis et tout un tas d’autres choses, youpi!).

    Bonne chance.

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    1. T’inquiète, je ne prends plus d’acide folique, je suis devenue intolérante depuis toutes ces années (vraiment la loose) !!!
      Je limite la prise d’anti douleur pour être mieux à l’écoute de ce qui se passe dans mon bide, limite mon sac est prêt pour retourner fissa aux urgences pour qu’on m’ouvre (malgré mon bac +5 ;))

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  5. Je suis « contente » de te savoir rentrée… et j espère que le médoc agira vite. Effectivement c’est un comble (pour une pmette) de souhaiter qu un taux de bhcg baisse. …..grrrrr….. dnlp porte vraiment bien son nom ! Vivement que tu tournes définitivement la page de cette f**** fiv et avec le majeur SVP !
    J espère que dans ton prochain billet tu nous annonceras que cela avance dans le bon sens. En attendant place au repos, au cocooning, OK l alcool n est pas de la partie mais chocolat , bonbons et pâtisserie sont autorisés donc fonce !!!!!
    Gros bisous

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  6. Quelle épreuve ! Je n’aurais jamais pensé que ton retard de règles pouvait cacher une geu 🙁
    J’hallucine de la non réaction de ton centre de Pma.. Tu n’as toujours pas eu de nouvelles? Je te trouve vraiment forte et courageuse. Prend bien soin de toi. Plein de bisous

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  7. Je rattrape un peu mon retard sur la blogo…. Je ne m’attendais pas à découvrir une suite pareille après ton dernier essai. On peut dire que DNLP s’acharne un max. J’espère que le médoc va faire son effet rapidement, que tu puisses tourner la page et être en forme pour la prochaine étape avec ton nouveau doc. Je suis atterrée par la désinvolture de ton ancienne équipe… Des bisous

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