Manuel de conversation : les fertiles parlent aux infertiles (avec du Marisol Touraine dedans)

Biquette nous propose un thème d’article : écrire ce que l’on aimerait entendre pour nous aider à traverser les épreuves et l’attente de la PMA.

C’est vraiment une chouette idée que de nous projeter dans un monde idéal dans lequel les idées reçues sur la PMA n’auraient plus cours et dans lequel notre entourage saurait utiliser les mots justes au moment opportun.

Paroles de réconfort pour infertiles

Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, très peu de personnes de notre entourage connaissent notre situation : si j’en parle ouvertement avec 3 amies, d’autres semblent se douter de quelque chose. Mais globalement, le sujet est tabou. Nous avons fait le choix de ne pas faire d’annonce pour s’éviter justement des questions ou des remarques (involontairement) blessantes.

Oyez, oyez braves gens : Simone et Simon ne sont pas fichus de faire un gosse sous une couette

Alors, si nous avions du annoncer notre infertilité, voici ce que j’aurais aimé entendre.

Les copines :

• Viens prendre un thé à la maison, tu vas m’expliquer en quoi consistent exactement le parcours et les traitements. J’ai besoin de comprendre pour t’aider au mieux.
  
• Je ne peux pas me mettre à ta place, mais je peux essayer de comprendre ce que tu ressens.
• C’est normal que tu aies du chagrin.
• Pour ma soirée d’anniversaire, si tu préfères, je demandes aux invités de venir sans leurs mômes.
• Oui, je comprends que les traitements ne réussiront peut-être pas et qu’il est tout à fait possible que tu ressortes de ces années les bras vides. Évidemment, cela ne change rien à notre amitié, je serai toujours là pour toi.
• Ton parcours est long et difficile, à toi de me dire au fur et à mesure, si tu souhaites qu’on en parle ou pas. Je suis là aussi pour t’aider à te changer les idées.
  

La famille :

• Oui, je comprends que je n’aurai peut-être pas de petits-enfants/neveux-nièces/arrières-petits-enfants.
  
• Je sais que tu fais tout pour réussir.
• Je partage votre tristesse mais je sais que je ne peux pas savoir ce que vous ressentez exactement.
• Si tu n’es pas en forme en ce moment et que tu préfères rester seule, on peut décaler le repas de famille au mois prochain.

Au travail :

Le chef :

• Prends tout le temps qu’il te faut pour suivre au mieux tes traitements, nous allons voir ensemble comment adapter ton activité professionnelle.
• Ce qui compte, c’est ta santé, l’organisation du travail vient après.
• Si cela peut t’aider, on peut mettre en place un peu de télétravail ce mois-ci pour t’éviter des déplacements. C’est aussi mon intérêt que tu soies dans les meilleures dispositions possibles pour travailler.
  

Les collègues :

• Tu as une petite mine aujourd’hui, si tu veux, on décale la réunion à demain matin.
• Je fais une collecte pour le pot de Machine qui vient arroser la naissance de son môme, je comprendrais tout à fait que tu ne souhaites pas venir.
• Ne reste pas seule à manger ton sandwich au bureau ce midi, viens avec nous.

La pharmacie, le personnel médical et paramédical :

• Bon courage Simone, on sait que les traitements ne sont pas faciles à supporter.
• Si vous avez des questions, nous sommes là pour y répondre.
• Nous ne pouvons pas vous promettre que vous aurez un enfant, mais sachez que nous faisons tout notre possible pour que ça marche.

Marisol TOURAINE :

• Je vais modifier le code du travail pour de pas ajouter des difficultés professionnelles à votre douleur physique et morale. Votre conjoint et vous-mêmes pourrez suivre les examens sur le temps de travail sans avoir à négocier au dernier moment une journée de congé avec vos employeurs. Il est très important que cet aspect soit sécurisé pour que vous puissiez vivre le mieux possible votre parcours.
• Je prends aussi à bras le corps l’égalité femmes-hommes qui fait partie du périmètre de mon ministère. Je suis convaincue que des salariés hommes et femmes sécurisés sont plus heureux donc plus productifs. Cette modification du code du travail va par conséquent dans le sens de l’intérêt des employeurs.
• Tant que j’y suis, je vais donner plus de moyens aux centres PMA afin que les taux de réussites français soient les meilleurs.
  
• Je vais aussi insister pour que la formation des soignants intègre des approches empathiques. Le livre de Martin WINCKLER Le Chœur des femmes constituera une lecture obligatoire pour les gynécologues.
• Je vais aussi créer par décret des comités de patients au sein de chaque centre PMA pour mieux adapter les parcours à la réalité de leur vie et vous donner la parole. J’ai en effet la conviction qu’il faut écouter les patients.
  
• Simone, je vous souhaite de tout cœur que DNLP vous lâche un peu la grappe.
• Bisous ma Simone.

Cela ferait un formidable comité de soutien si c’était vrai, non?

bien sûr, bien sûr

Comme malheureusement, la réalité est un peu en décalage avec cette projection, j’essaie de me concentrer sur les 3 leviers d’action que je peux maîtriser :

1/ En parler au sein de notre couple, échanger, savoir faire autre chose quand le ras le bol se pointe;

2/  Prendre conscience que je suis la mieux placée pour m’aider à mieux vivre cette situation et prendre soin de moi-même : savoir m’écouter, savoir dire stop, me chouchouter dès que c’est possible…

3/ Me rendre à l’AG de BAMP le 28 novembre prochain à Caen pour : partager – informer – témoigner- agir.